Windir
s'est éteint en 2004 avec son leader trop tôt disparu mais son héritage, bien
que modeste, perdure encore aujourd'hui. Originaire de Bergen, Galar fait
partie de ses héritiers, un des plus intéressants par ailleurs et ce, malgré
une carrière en pointillés où les silences l'emportent sur une production
anémique riche de seulement trois offrandes s'étalant sur une bonne décennie. De
fait, on avait presque oublié ce duo norvégien, qu'accompagne désormais le
batteur de Mistur et de Vreid (le groupe composé des anciens Windir
d'ailleurs), qui cinq ans après avoir livré "Til Alle Heimsens
Endar", vient se rappeler à notre bon souvenir. La défloration de ce
troisième album témoigne déjà que l'attente n'était pas vaine. En effet,
celui-ci devrait très facilement s'imposer comme la création la plus achevée de
ses auteurs. Le groupe a réalisé de gros progrès, lesquels se lisent à l'aune de
compositions à l'architecture plus dilatée qui n'hésitent plus à tutoyer les
dix minutes au compteur, laissant tout l'espace nécessaire aux musiciens pour
tricoter une trame galopante . Si longueur des morceaux ne rime pas
nécessairement avec qualité, loin de là, tel est pourtant le cas de "De
Gjenlevende" dont les six titres bouillonnent d'une inspiration échevelée.
Le Black Viking de Galar n'a pas seulement gagné en durée, il s'est enrichi
d'une matière plus épique encore, plus alambiquée sans doute, évolution qui
l'arrime désormais aux travaux d'un Vintersorg par exemple. Il suffit d'écouter
une piste de l'acabit de 'Gjeternes Tunge Steg' que zèbrent en son milieu de
sombres orchestrations pour mesurer cette maturité enfin acquise. Aplats
acoustiques, notes de piano, chant clair qui n'est pas sans rappeler celui de
Lazare (Solefald, Borknagar) mais aussi guitares grésillantes et vocalises
écorchées définissent une œuvre en clair-obscur, d'une beauté déchaînée.
Conjuguant mélodies puissamment ensorcelantes et furieuses expéditions, les
Norvégiens chevauchent à travers de
vastes étendues aux reliefs accidentés, chaque titre ayant des allures de
tableau de maître, pensé dans ses moindres détails, multipliant ambiances et
arrangements, à l'image de l'amorce éponyme. Le résultat est un opus immédiat
dans son pouvoir d'envoûtement et pourtant lourd de trésors profondément
enfouis dans les méandres de son intimité qu'il faut butiner à de nombreuses
reprises pour les découvrir, marque des grands disques, ce que "De
Gjenlevende" se révèle être sans l'ombre d'un doute. Galar accouche en
définitive de son meilleur album à ce jour dont on souhaite qu'il ne faudra pas
encore attendre cinq années supplémentaires pour savourer son successeur qui
sera plus que jamais fortement attendu... 3/5 (2015)
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