Ca
hurle, ça saigne, ça dégueule, ça tabasse mais une telle décharge de brutalité
fait du bien. Véritable viol auditif, on sort de la pénétration de ce Doomwalk
supersonique, lessivés, épuisés et pourtant déjà prêts à tendre l'autre joue, à
se mettre à genou pour la béquée, la bouche grande ouverte pour avaler ce
foutre au goût épais de sludge épileptique et de hardcore fielleux. Premier
uppercut, masterisé par le maître Zampiello, de ces Montpelliérains qui sont
loin d'être des novices en matière de violence épidermique puisque que leur
arbre généalogique mentionne des énervés du son tels que Burne, Morse, Morgue
et Stuntman, cet album racle des boyaux certes déjà bien rongés par d'autres
avant lui mais il a pour lui, outre l'évidente maîtrise techniques de ses
géniteurs, une sauvagerie exaltée, une intensité rude qui irritent les
muqueuses et impriment de profondes lacérations dans la peau. Vous l'aurez donc
compris, Feral ne rigole pas, en dépit d'une apparente décontraction, celles de
musiciens qui possèdent l'assurance tranquille de lascars au savoir-faire
chevronné. Dressant une turgescence implacable, ils crachent dix cartouches en
moins de trente de minutes avec la fureur d'un crust nourri au grind le plus
féroce, mais savent éviter la monotonie d'une agression sans vaseline par une
science déchaînée de la perforation douloureuse. De fait, le groupe alterne
saillies véloces (Doomwalk) et coups de boutoir vicieux (Wishers And Woulders),
souvent même à l'intérieur d'un même morceau. Low Life, Bloodset ou War
Monument voient ainsi leur brutalité rapide comme un torrent en crue, freinée
par des barrages vertigineux qui, loin d'en sucer l'intensité survoltée les
rend au contraire plus meurtriers et abrasifs encore. L'urgence et une tension
digne d'un étau qui se resserre, imprègnent tout du long un menu qui file sur
les chapeaux de roue, propulsé par le chant explosif d'un vocaliste qui
régurgite ses tripes à chaque parole vomie. Et si au final, on n'est pas bien
sûr d'avoir tout compris, l'impression de s'être pris une raclée sévère, une
mémorable claque dans la gueule, s'impose, marquée dans nos chairs tuméfiées.
Il est bien sûr encore trop tôt pour lui prédire un avenir triomphant mais
gageons que Feral ne devrait pas tarder à se faire un nom au sein d'une scène
pourtant aussi saturée qu'une rame de métro parisienne aux heures de pointe.
Petit par la taille peut-être, Doomwalk n'en fait donc pas moins beaucoup de
dégâts ! 3/5 (2016)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire