Après
de timides débuts, les choses sérieuses ont vraiment commencé il y a deux ans pour
Kult Of Taurus, auteur d'un Divination Labyrinths bien evil aux entournures.
Depuis, on n'arrête plus ces Grecs parfaitement représentatifs d'une génération
d'adorateurs des ténèbres conjuguant âpreté sépulcrale et noirceur cryptique. Oui,
on ne les arrête plus et ce, à tous les niveaux. En terme d'inspiration
vigoureuse, éjaculant déjà après une alliance avec leurs compatriotes d'Erevos
Aeneon, un second méfait. En terme de vélocité ensuite, vélocité d'un art noir charbonneux riche d'ambiances
vicieusement sinistres. Pourtant, serrer le frein à main et appuyer sur
l'interrupteur n'effraient pas Kult Of Taurus, comme l'illustre ce Adversarial
Paths : The Sinister Essence mais il le fait avec une insolente roublardise. En
réalité, chaque titre est écartelé entre violence sèche, celle qui fait saigner
les muqueuses et atmosphères morbides quin suintent de décélérations
implacables. Plus que le chant de Sarpedon, ce sont les guitares, verges
gonflées d'un pus mortifère ('Edafio I'), et ce socle percussif puissant qui
contaminent ce Black Metal d'une lèpre obscure et ténébreuse. Les rares nappes
de claviers ainsi que les choeurs lointains ('Cordially Baneful') participent
davantage de cette décrépitude qu'ils ne la diluent dans un sirop mélodique
heureusement absent, encore que le groupe ne sait faire jaillir de cette
noirceur abyssale des instants de beauté pure, témoin ce 'Vibrating Crossroad'
émaillé de notes de six cordes superbes. Même quand rien ne semble vouloir
stopper une cadence digne du lapin Duracel, un break malfaisant comme échappées
des entrailles de l'enfer vient soudainement briser cette brutalité primitive,
à l'image de 'Through Lunar Wombs' que lacèrent de multiples et lancinants
coups de boutoir. Citons également l'ode terminale 'Arch Of Exceedance', longue
de plus de neuf minutes au jus, aux relents de miasmes malsaines. Reste que
toutes ces plaintes reptiliennes mériteraient d'être nommées tant elles
palpitent d'un pouls lugubre et dévoilent une architecture sinueuse aux
nombreux angles morts, faisant de leurs géniteurs une des jeunes hordes les
plus intéressantes et donc les plus occultes surgies ces dernières années, dans
le sillage des Valkyrja et autre Ondskapt. Bref, un (très) bon groupe et un
grand disque. Point final. 3.5/5 (2015)
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