23 novembre 2016

KröniK | Feral Light - A Sound Of Moving Shields (2016)


Contrairement aux grosses écuries qui signent à peu prêt n'importe quoi dès lors que cela peut rapporter gros, les petits labels possèdent souvent quant à eux une identité sonore affirmée ou du moins cherchent-ils à en avoir une. Certains occupent une niche particulière, parfois dans la forme (dans le cas des tapes notamment) ou dans le fond, alors arrimés à un (sous) genre précis, quand ce n'est pas les deux à la fois. Basé à San Francisco, le modeste mais passionné Sentient Ruin Laboratories en constitue un bon exemple, viscéralement attaché à une expression aussi ténébreuse que crasseuse, survoltée et minérale, parfois ravagée, toujours intense, où black, doom et death copulent sous l'oeil vicieux d'un crust qui fait souvent plus que prendre part aux ébats mais imprime le tempo, bestial et testiculeux. Bref, avant même d'avoir glissé la cassette, format sous lequel les Américains aiment à les éditer, nous savons déjà de quelle nature sera la semence crachée par ses productions. « A Sound Of Moving Shields », EP séminal de Feral Light, ne déroge pas cette règle. La filiation avec Wolvhammer, dont on croise ici Andy Shoengrund, l'ancien guitariste (à vérifier), confirme par ailleurs le caractère vicié et mortifère d'un art aussi torturé que tortueux. La guerre, l'annihilation de la race humaine, servent de combustible à un black épidermique, tendu comme le foc d'un navire. Courte décharge d'une (petite) trentaine de minutes peut-être, ce galop d'essai n'en expose déjà pas moins les atours prometteurs d'un trio dont le métier ne saurait être contesté, bloc sévère de matière brute qui vibre sous les coups de pilon de guitares rongées par la rouille aux allures de foreuses raclant la chair à vif, avec lesquelles, le chant, d'une rocailleuse âpreté et une batterie qui déchaîne les éléments, composent le substrat meurtri de ces cinq pulsations d'une sourde densité. Et s'il ne tutoie encore ni la sève créative ni la noirceur apocalyptique de son aîné Wolvhammer dont le « Obsidian Plains » demeure un mètre-étalon du genre que n'est pas sans rappeler un titre tel que 'The Mercenary', Feral Light n'a déjà pas son pareil pour charrier une féroce négativité, à l'image de ce 'Hel By Compass', tout en cassures, brutales et souterraines. « A Sound Of Moving Shields » est tout du long écartelé entre éjaculations fiévreuses et repos funèbres ('Baptized In Shellfire', 'In Glorious Battle Slain'). Il ne manque au final à ce premier rôt qu'un peu plus de réussite dans son écriture (encore) trop uniforme, relative faiblesse que la maturité devrait très vite gommer. Dès lors, les Américains seront l'implacable panzer qu'ils espèrent sans doute devenir... 3/5 (2016)


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