A
l'inverse de bien d'autres vétérans de sa génération que l'appât du gain a
incité à se reformer longtemps (ou non) après s'être séparés, Raven, lui, n'a
jamais laissé tomber, poursuivant une carrière qui depuis une bonne vingtaine
d'années n'intéresse plus grand monde si ce n'est quelques vieux hardos qui,
comme votre serviteur, demeurent attachés à ce groupe sympathique. Les Anglais
méritent un éternel respect à défaut d'une dévotion qu'ils n'ont jamais
réellement suscité, contrairement aux Maiden et autres Def Leppard dont il sont
contemporains, la faute à une discographie aux allures de montagnes russes où
les bons albums - les premiers, bien entendu mais aussi "Nothing Exceeds
Like Excess" ou dans une moindre mesure "Architect Of Fear"
- en côtoient d'autres peu mémorables. Toujours
est-il que, avec ses quarante ans au compteur, le groupe est toujours là, même
s'il se fait plus rare dans les bacs. Succédant au déjà oublié "Walk
Through Fire", publié en 2010, "ExtermiNation" marque son retour
aux affaires. Inutile de se demander si cette treizième offrande permettra à
ses auteurs de renouer avec le succès qu'ils ont connu à leurs débuts, à
l'époque de "Rock Until You Drop" ou "All For One", car la
réponse ne peut être que négative. Et puis de toute façon, les frères
Gallagher, toujours flanqués du doomeux Joe Hasselvander derrière les fûts, se
moquent bien de ce genre de considération, ayant compris depuis longtemps que
leur heure de gloire est révolue. Leur seule prétention est de faire plaisir, à
eux-mêmes et à leurs fans. S'il ne les fera pas sauter au plafond,
"ExtermiNation" ne décevra pas son public, c'est du Raven pur jus qui
aurait pu aussi bien être gravé dans les années 80 qu'aujourd'hui. Anachronique,
l'opus n'en reste pas moins énergique, propulsé par une prise de son qui ne
sent heureusement pas la naphtaline. Dès les premières mesures de 'Destroy All
Monsters', qui lance le menu sur des chapeaux de roues, la griffe du groupe se
rappelle à notre bon souvenir, laquelle doit autant à la voix reconnaissable
entre mille du bassiste John Gallagher qu'à ces guitares acérées. Les frangins
n'ont rien perdu de leur hargne, mieux, on ne les avait pas vu autant en forme
depuis des lustres. S'ils ne laisseront pas de profonds stigmates dans la
mémoire, la majorité de ces nouveaux titres fait mouche, ne levant jamais le
pied. 'Tomorrow', 'Battle March/Tank Treads' ou 'One More Day' abattent ainsi
le petit bois comme à la belle époque, hymnes nerveux qui émaillent un ensemble
sans temps mort quoique un peu trop long. Avec quelques coups de ciseaux,
"ExtermiNation" aurait gagné en intensité, ce qui ne l'empêche pas
d'être un bon cru, au moins égal à certains de ses aînés des eighties. Raven en
a toujours sous la semelle et n'est pas encore prêt de raccrocher les gants.
Nul ne s'en plaindra... 3/5 (2015)
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