24 octobre 2016

KröniK | Bvdub - A Thousand Words (2016)


Brock Van Wey, plus connu sous le nom de Bvdub, est un artiste dont la diarrhée créatrice fascine, auteur d'une oeuvre démentielle tant par le nombre d'albums (nous avons depuis longtemps cessé de les compter) que par sa teneur qu'anime  une deep techno mélancolique et aérienne aux confins d'une ambient éthérée. Ses opus ne se valent pas, certains flirtent avec le nirvana ("Serenity", Resistance Is Beautiful"), d'autres étonnent moins à emprunter toujours à peu près le même chemin aux contours déliés et volontairement répétitifs ("Then") mais tous partagent une délicatesse hypnotique et désormais familière. En dédiant le douloureux "Tanto" à son chat emporté par la maladie, nous découvrions l'amour que l'Américain porte aux félins, que confirme aujourd'hui "A Thousand Words", nouvel effort seulement édité en format digital. Son visuel où figure un garçon faisant la lecture à un chat, est une photo prise dans un refuge aux Etats-Unis qui développe un programme innovant, lequel encourage les enfants à venir lire des livres à des chats abandonnés. Une partie de la somme récoltée par la vente de cet album est d'ailleurs reversée à l'Animal Rescue League Of Berks County. Cette belle idée nourrit la puissance émotionnelle de cette création qui brille d'une beauté solaire, jaillissant tout du long de l'unique piste qui la compose. Du haut de ses 77 minutes (!) au compteur, "A Thousand Words" ne s'impose pas seulement comme le titre le plus étiré de son auteur, il se veut surtout l'un des plus bouleversants en ce sens qu'il brûle d'une douce tristesse. Si plusieurs segments (dix-neuf au total) se devinent aisément, cette pièce-fleuve étire cependant une trame indivisible qui se délie comme ces pelotes de laine qui amusent tant les chats. On y retrouve ces nappes évanescentes qui tressent un voile quasi transparent. Notes de piano belles à pleurer, samples fantomatiques, loops atmosphériques tricotent une lente et déchirante élévation vers la lumière, vers les cieux, où vivent à tout jamais des anges disparus. Cela pourrait être ennuyeux sinon interminable mais par la magie de son solitaire géniteur, 'A Thousand Words atteint une grâce miraculeuse qui emporte tout.  Intimiste et romantique, contemplatif et lumineux, cette plainte sonne comme une invite, porte d'entrée d'un univers où la souffrance est bannie, sublime, elle fait du bien et donne envie de soulever des montagnes au point qu'elle devrait être remboursée par la Sécu tant ses valeurs thérapeutiques sont évidentes, un peu comme le ronron des chats... Immense. 5/5 (2016)


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