Brock
Van Wey, plus connu sous le nom de Bvdub, est un artiste dont la diarrhée
créatrice fascine, auteur d'une oeuvre démentielle tant par le nombre d'albums
(nous avons depuis longtemps cessé de les compter) que par sa teneur qu'anime une deep techno mélancolique et aérienne aux
confins d'une ambient éthérée. Ses opus ne se valent pas, certains flirtent
avec le nirvana ("Serenity", Resistance Is Beautiful"), d'autres
étonnent moins à emprunter toujours à peu près le même chemin aux contours déliés
et volontairement répétitifs ("Then") mais tous partagent une
délicatesse hypnotique et désormais familière. En dédiant le douloureux
"Tanto" à son chat emporté par la maladie, nous découvrions l'amour
que l'Américain porte aux félins, que confirme aujourd'hui "A Thousand
Words", nouvel effort seulement édité en format digital. Son visuel où
figure un garçon faisant la lecture à un chat, est une photo prise dans un
refuge aux Etats-Unis qui développe un programme innovant, lequel encourage les
enfants à venir lire des livres à des chats abandonnés. Une partie de la somme
récoltée par la vente de cet album est d'ailleurs reversée à l'Animal Rescue
League Of Berks County. Cette belle idée nourrit la puissance émotionnelle de
cette création qui brille d'une beauté solaire, jaillissant tout du long de
l'unique piste qui la compose. Du haut de ses 77 minutes (!) au compteur, "A
Thousand Words" ne s'impose pas seulement comme le titre le plus étiré de
son auteur, il se veut surtout l'un des plus bouleversants en ce sens qu'il
brûle d'une douce tristesse. Si plusieurs segments (dix-neuf au total) se
devinent aisément, cette pièce-fleuve étire cependant une trame indivisible qui
se délie comme ces pelotes de laine qui amusent tant les chats. On y retrouve
ces nappes évanescentes qui tressent un voile quasi transparent. Notes de piano
belles à pleurer, samples fantomatiques, loops atmosphériques tricotent une
lente et déchirante élévation vers la lumière, vers les cieux, où vivent à tout
jamais des anges disparus. Cela pourrait être ennuyeux sinon interminable mais
par la magie de son solitaire géniteur, 'A Thousand Words atteint une grâce
miraculeuse qui emporte tout. Intimiste
et romantique, contemplatif et lumineux, cette plainte sonne comme une invite,
porte d'entrée d'un univers où la souffrance est bannie, sublime, elle fait du
bien et donne envie de soulever des montagnes au point qu'elle devrait être
remboursée par la Sécu tant ses valeurs thérapeutiques sont évidentes, un peu
comme le ronron des chats... Immense. 5/5 (2016)
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