22 septembre 2016

KröniK | Seremonia - Kristalliarkki (2015)


En l'espace de quelques années et deux albums, Seremonia a su graver dans la glace son nom et  une signature étrange entre doom occulte et heavy psyché, le tout teinté de prog au goût de champignons et devant une bonne part de son magnétisme au chant habité de Noora Federley. Si "Ihminen" faisait déjà mieux que transformer l'essai après l'éponyme séminal et prometteur, "Kristalliarkki" enfonce encore davantage le clou, rétrogradant du coup ses devanciers au rang de simples ébauches. Le style reste inchangé, quoique d'une noirceur plus affirmée. Format (presque toujours) resserré, ambiances froidement forestières, textes en finnois et récit à la progression tranquille définissent ainsi une bande-son aussi mystérieuse que singulière en cela qu'elle puise dans le passé sans pour autant paraître anachronique sinon nostalgique, à des années-lumière donc de la mouvance vintage actuellement en vogue. Non, chamanes fantomatiques, les Finlandais nous convient à un voyage aux confins du fantastique, nimbé d'atmosphères irréelles dont le point G est incarné par la première partie du diptyque terminal 'Kristalliarkki', lequel voit ses géniteurs rompre avec leur cadre familier pour baguenauder sur des terres franchement progressives, pulsation de près d'un quart d'heure où orgue antédiluvien, saxophone déglingué, guitare d'une force noire et flûte boisée communient en une sarabande obscure, crépusculaire. Alors que nous ne l'attendions pas  sur ce terrain dilaté et évolutif  ô combien casse-gueule, Seremonia se montre, et contre toute attente, tout du long impérial, au point de nous faire espérer que cet exercice ne demeure pas sans lendemain. Résumer ce troisième album à cette seule pièce serait bien entendu injuste, eu égard au reste du menu qui oscille entre déambulations plombées ('Musta Liekki', Vapauden Polku' et ses claviers aux couleurs du Pourpre Profond) et envolées plus nerveuses qu'à l'accoutumée, comme l'illustrent 'Kuolema Voittaa', le fuzzy 'Luciferin Lapset' ou bien encore le (quasi) inaugural et percussif 'Alfa Ja Omega'. En découle une offrande plus variée, plus nuancée également, que ses deux aînées. Plus ambitieuse surtout de par son expression à la fois aventureuse et sombre. Ce faisant, les Finlandais sont devenus grands. On savait depuis leurs débuts qu'il faudrait compter sur eux, "Kristalliarkki" en livre l'éclatante confirmation ! 4/5 (2015)


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