17 septembre 2016

KröniK | Eagles - The Last Run (1979)


Après avoir maintenu une belle régularité, publiant chaque année depuis 1971 un nouvel opus, les Américains mettent trois ans à offrir un successeur à "Hotel California" (1976), long tunnel étonnant à une époque où la plupart des groupes font preuve d'une grande productivité. En réalité, les musiciens n'ont pas chômé pour savourer le triomphal succès de leur cinquième offrande. Au contraire, dès 1977, ils s'enferment en studio mais il leur faudra presque deux ans pour venir à bout du bien nommé "The Long Run", initialement envisagé comme un double album, réduit à l'arrivée à un simple menu d'une durée traditionnelle de quarante minutes environ. Entre ce projet avorté et une réception tant critique que commerciale en deçà des attentes, ses auteurs sortiront déçus de cet épisode, qui conduira à un sabordage venu trop tôt, dès l'année suivante. Souvent occulté par son légendaire devancier, ce qui est alors le testament des Eagles n'a pourtant pas à rougir de la comparaison avec son aîné dont il poursuit l'évolution vers un rock (légèrement) plus dur, moins sudiste que sur "Desperado"  mais toujours aussi sophistiqué. Si Timothy B. Schmidt vient remplacer Randy Meisner à la basse, le batteur Don Hendley assoit son hégémonie sur le groupe, co-signant l'ensemble des compositions, écrin délicat pour sa voix fragile plus que jamais mise en avant et que la chanson éponyme du disque précédent a fortement contribué à immortaliser. Quand bien même son programme n'est émaillé d'aucun hymne à la hauteur de 'Hotel California', "The Long Run" donne néanmoins naissance à trois singles qui se glissent alors dans les charts. Etonnamment, ni le morceau-titre, ni 'In The City', écrit pour la bande originale des "Guerriers de la Nuit" de Walter Hill, ni 'Heartache Tonight', délicieux bijou d'écriture au demeurant, n'incarnent toutefois l'apogée d'une écoute qu'aucun temps mort  ne vient grever. Ainsi, on leur préférera la lenteur chaloupée d'un 'King Of Hollywood', long de plus de six minutes, les lignes de guitares noyées sous les effets d'un 'Those Shoes', à la rythmique par ailleurs appuyée et portée par le chant émotionnel de Hendley, la tristesse diffuse de la ballade terminale 'Sad Café' ou bien encore les modelés moelleux d'un 'I Can't Tell You Why'. De fait, parfaitement équilibré et homogène, "The Long Run" ne voit aucun de ses titres en étouffer un autre, expliquant pourquoi il est permis de le considérer comme l'album le plus abouti du groupe. Indispensable ! 4/5 (2016)


                                   

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