Il
y a quelques temps, qu'elle ne fut pas notre
(bonne) surprise en ouvrant la boîte aux lettres, de découvrir une
rondelle que nous n'attendions pas. Adressé par Drop Dead Records, il
s'agissait de la seconde offrande de Carson Hill, baptisée "Sonora".
Pour être franc, nous n'avions encore jamais entendu parler de ce groupe basé à
Quimper, comme son compagnon de label, Duckhunters, dont nous avons déjà dit
tout le bien qu'il fallait en penser. Un visuel exquis et la promesse d'une
bonne tranche de rock graisseux qui sent sous les bras, nous ont immédiatement
poussé à écouter ce disque au contenu mystérieux. Et là, ce fût la claque, la
trique des meilleurs jours. Et avec à la clé, une question : comment des mecs
venus à priori de nulle part peuvent-il faire la nique aux plus grands ? Car
osons l'affirmer d'emblée, "Sonora" s'impose comme une des plus excitantes réussites que le genre nous ait craché depuis longtemps. Mais de quel genre
s'agit-il au fait ? Le nom de l'album suffit à répondre à cette question, trois
syllabes évocatrices de désert californien, de peau tannée, de cactus et de
lézard se chauffant au soleil. Bref, Carson Hill braconne sur les terre du
stoner pur jus, velu et asphalté, le verbe nourri au whisky, avec le tutélaire
Kyuss dans le rétroviseur. Le quatuor respecte son cahier des charges,
griffonné de guitares épaisses, de rythmique ensevelie sous les cailloux et de
chant râpeux qui rabote les orifices. Les titres, hormis une courte intro, ne
descendent jamais en dessous de la barre des six minutes au garrot, durée
robuste qui permet à nos lascars de déclencher de puissants dust devils qui
prennent leur temps pour balayer un sol rocailleux. Rarement pied au plancher,
si ce n'est - et de manière très relative - pendant le bluesy 'Queen Of Spades'
ou le plus nerveux 'Evil's Room', le groupe n'enclenche en réalité jamais la
seconde, les membres pesamment prisonniers d'une chape de plomb. En sept
morceaux, Carson Hill esquisse au burin un art orgasmique, d'une lancinance
goudronneuse et qu'illuminent des riffs et soli dantesques, ce dont témoignent les
grandioses 'Back From School' - dix minutes qui dégueulent d'ondes sismiques -
et 'Red Moon', respiration sèche comme un coup de trique, aux allures de
carcasse de bagnole désossée et abandonnée dans le désert. C'est bon, c'est
chaud, taillé pour les rades poussiéreux qui sentent la bière et la sueur. 4/5 (2016)
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