16 septembre 2016

KröniK | Carson Hill - Sonora (2016)


Il y a quelques temps, qu'elle ne fut pas notre  (bonne) surprise en ouvrant la boîte aux lettres, de découvrir une rondelle que nous n'attendions pas. Adressé par Drop Dead Records, il s'agissait de la seconde offrande de Carson Hill, baptisée "Sonora". Pour être franc, nous n'avions encore jamais entendu parler de ce groupe basé à Quimper, comme son compagnon de label, Duckhunters, dont nous avons déjà dit tout le bien qu'il fallait en penser. Un visuel exquis et la promesse d'une bonne tranche de rock graisseux qui sent sous les bras, nous ont immédiatement poussé à écouter ce disque au contenu mystérieux. Et là, ce fût la claque, la trique des meilleurs jours. Et avec à la clé, une question : comment des mecs venus à priori de nulle part peuvent-il faire la nique aux plus grands ? Car osons l'affirmer d'emblée, "Sonora" s'impose comme une des plus excitantes réussites que le genre nous ait craché depuis longtemps. Mais de quel genre s'agit-il au fait ? Le nom de l'album suffit à répondre à cette question, trois syllabes évocatrices de désert californien, de peau tannée, de cactus et de lézard se chauffant au soleil. Bref, Carson Hill braconne sur les terre du stoner pur jus, velu et asphalté, le verbe nourri au whisky, avec le tutélaire Kyuss dans le rétroviseur. Le quatuor respecte son cahier des charges, griffonné de guitares épaisses, de rythmique ensevelie sous les cailloux et de chant râpeux qui rabote les orifices. Les titres, hormis une courte intro, ne descendent jamais en dessous de la barre des six minutes au garrot, durée robuste qui permet à nos lascars de déclencher de puissants dust devils qui prennent leur temps pour balayer un sol rocailleux. Rarement pied au plancher, si ce n'est - et de manière très relative - pendant le bluesy 'Queen Of Spades' ou le plus nerveux 'Evil's Room', le groupe n'enclenche en réalité jamais la seconde, les membres pesamment prisonniers d'une chape de plomb. En sept morceaux, Carson Hill esquisse au burin un art orgasmique, d'une lancinance goudronneuse et qu'illuminent des riffs et soli dantesques, ce dont témoignent les grandioses 'Back From School' - dix minutes qui dégueulent d'ondes sismiques - et 'Red Moon', respiration sèche comme un coup de trique, aux allures de carcasse de bagnole désossée et abandonnée dans le désert. C'est bon, c'est chaud, taillé pour les rades poussiéreux qui sentent la bière et la sueur. 4/5 (2016)


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire