4 juillet 2016

KröniK | Love Sex Machine - Asexual Anger (2016)


Celui-là, nous l'attendions de pied ferme. Et depuis longtemps. Quatre ans d'abstinence, c'est long. Trop long. Oui, nous l'attendions cet "Asexual Anger" dont le nom sonne comme la sulfureuse promesse d'une décharge de vices interrompue. Et pourquoi une telle impatience ? Parce que Love Sex Machine compte parmi ce que le sludge doom, hexagonal ou pas, rumine actuellement de mieux. Parce qu'un groupe qui ose donner à ces compostions des titres aussi poétiques que 'Anal On Deceased Virgin', 'Vagina Curse' ou 'Killed With A Monster Cock', ne peut être tout à fait un mauvais bougre. Parce que c'est l'honorable Lost Pilgrims Records, dont le catalogue écrit à l'encre noire, de Rorcal à Verdun, de Mudbath à Boar, ne cesse de grossir telle une bête malfaisante, qui l'édite en CD, la version vinyle étant assurée par le non moins précieux Throatruiner Records. Parce que c'est comme ça. Si son très réussi contenant, avec un peu de fesses dedans, promet à nouveau un contenu tout aussi fleuri et romantique, "Asexual Anger" semble pourtant plus sage que son éponyme devancier. De prime abord et au niveau du verbe, seulement ! Car, soyez-en sûr, tous les orifices vont encore saigner à l'écoute de cette saillie pesamment vicieuse. Dès la première morsure qui donne son nom à l'album, pulsative et teigneuse, l'étau sert ses dents rongées par la rouille et le stupre. Un chant qui crache les tripes sanguinolentes et tout le reste avec, des guitares prisonnières d'une fange crasseuse et une rythmique qui perfore le sol, sont à l'unisson d'une brutalité pachydermique. Près de quarante minutes durant, le groupe imprime une tension hallucinée qui jamais ne débande, faisant s'accoupler sous nos regards pervers, la fureur épidermique du sludge et la noirceur bestiale du black metal. Véritables coups de pilon venimeux, ces huit morceaux aux allures de viol auditif ramonent sévère, ouvrant les vannes d'un nihilisme poisseux qui se répand telle une lèpre à travers les cavités tortueuses de ce bloc de matière brute qui vibre sous les secousses d'une rage vengeresse. Ni lumière ni espoir à espérer d'un opus tendu comme le foc d'un navire, bien que dans les troubles replis de sa chair tuméfiée se niche une beauté souterraine qui suinte de ces lignes de guitares massives comme des plaques tectoniques, à l'image du terminal et définitif 'Silent Duck', pavé écrasant qui s'enfonce peu à peu dans les profondeurs abyssales de l'indicible, sans aucune possibilité de retour...   Plus qu'un simple album, "Asexual Anger" est une épreuve, un défi dont on ne sort pas indemne tant il remue non seulement les chairs mais surtout l'âme. 3,5/5 (2016)


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