14 août 2016

KröniK | Rapture - Songs For The Withering (2002)


En 1999, bien avant que le death doom à la finlandaise n'ait le vent en poupe, Rapture accouche d'un premier album quintessentiel qui influencera Swallow The Sun et consorts, offrande indissociable des débuts de Spikefarm Records, sous-division de Spinefarm dont il fut une des premières sorties. Trois ans plus tard et le renouvellement d'une moitié de ses membres dont Jarno Salomaa parti se concentrer sur Shape Of Despair, le groupe livre enfin un successeur à "Futile". Le fait que celui-ci n'ait été découvert par beaucoup que l'année d'avant, suite à une distribution plus vaste sur le territoire européen et américain, a pu laisser croire que les Finlandais n'ont pas chômé alors qu'ils ont en réalité pris leur temps pour peaufiner un style qui, durant leur absence n'a cessé de grandir dans le sillage de Katatonia et de Novembre auxquels ils ont été souvent comparés. Du coup, si "Futile" a pu paraitre novateur, quoique déjà influencé par le groupe de Anders Nyström, il n'en va désormais plus de même de "Songs For The Withering" dont la mélancolie glacée tissée par des guitares aux allures de vigie perçant la brume possède un air de déjà-entendu. Le fait que le chanteur Petri Eskelinen, le principal ordonnateur de la formation avec le guitariste Tomi Ullgren, ait décidé d'abandonner sa voix caverneuse, registre qu'il laisse au nouveau venu, Henri Villberg, afin de privilégier une voix claire qui, quant à elle, n'est pas sans rappeler celle de Mikael Akerfeldt (Opeth), achève de condamner alors Rapture au rang de simple suiveur. Reconnaissons toutefois que dans ce registre d'une délicate dépression, la maîtrise des Finlandais demeure totale. Ainsi, des titres de l'acabit de 'Nameless', irrésistible entame sur laquelle plane en effet l'ombre tutélaire du Katatonia période "Black Murder Day" / Discouraged Ones" (la meilleure ?), 'Gallows' et ses lignes de six-cordes obsédantes comme un scalpel tournoyant dans la chair ou 'Transfixion', se révèlent être de véritables pièces d'orfèvre irradiant d'une beauté grise et blafarde. Surgissant  le temps d'un refrain ou fil d'Ariane de compositions finement ciselées ('The Vast'), le chant clair illumine l'album d'une pale lumière, pinceau fragile plongeant l'écoute dans une douloureuse contrition. 'Two Dead Names', en constitue la déchirante illustration. S'il faiblit en cours de route, la faute à quelques complaintes trop lisses pour susciter l'émotion ('The Great Distance', 'Enveloped'), "Songs For The Withering" meurt cependant en apothéose avec le bien nommé 'Farewell', conclusion immobile dont la lenteur funéraire vous engourdit avant de vous entraîner dans les profondeurs d'une mer figée par le froid... Rapture ne surprend peut-être plus mais il n'a pas son pareil pour appuyer sur l'interrupteur et raviver des fautes impardonnables... Trois ans plus tard, "Silent Stage" sera l'ultime clou de son cercueil... 3,5/5 (2016)


                                   

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