23 juin 2016

KröniK | Woddréa Mylenstede - Créda Beaducwealm (2016)


Si Altare Productions (associé pour l'occasion à Legion Blotan) a pour habitude de publier les offrandes de ses compatriotes de la péninsule, Woodréa Mylenstede n'a néanmoins pas vu la nuit au Portugal mais en Angleterre. Cette très obscure créature partage pourtant avec l'engeance noire lusitanienne la plus cryptique, une décrépitude sinistre identique ainsi que ce son dont prétendre qu'il est pollué tient du doux euphémisme. Rarement, sauf peut-être du côté de Forgotten Citadel Of Spirits, autre entité ténébreuse comme nous les affectionnons, il nous a même été donné d'entendre une telle croûte sonore aux allures de bouillie ferrugineuse. Ce faisant, ce groupe ( ?) ne se contente pas de repousser les limites de l'audible aux confins d'un art noir déglingué, il parvient à capter cette essence maléfique qui guidait jadis les Grands Anciens. Qui se cache derrière ce nom ? Nul ne le sait vraiment mais en choisissant de ne pas divulguer l'identité de ses membres, Woodréa Mylenstede ne fait que se confondre un peu plus avec une bête tapie dans les profondeurs d'une caverne. Trois démos tape suivies d'une alliance avec un Black Cilice presque audible en comparaison (c'est dire !) et dont le tirage extrêmement limité leur confère des allures de trésors impies entre les mains d'une poignée de fidèles encapuchonnés, ont façonné un charnier aux relents de rituels lugubres. Mais parler ici de black metal paraît pourtant presque absurde tant ce magma aux confins d'une cacophonie corrosive ne ressemble finalement à rien d'autre qu'à un creuset au fond duquel macèrent d'infâmes immondices. Les textes en vieil anglais n'aident pas une compréhension avalée par un brouillard opaque qui vomit des cris lointains. Woodréa Mylenstede est-il vraiment humain ? La question mérite d'être posée car sinon comment expliquer la mise au monde ce qui n'a de musique que le nom. Rarement il nous aura de fait été donné de plonger autant dans les arcanes d'une grotte qu'aucune trace de lumière ne semble avoir pu atteindre, théâtre de cérémonies ancestrales à la gloire d'un culte millénaire. Tel est "Créda Beaducwealm", première offrande longue durée qui racle le même bois meurtri que ses aînés, dégueulant six plaintes agonisantes dont le tempo qui ne file jamais droit leur donne quelque chose d'une transe hypnotique. Rongés par une rouille malsaine, les instruments semblent patauger dans une nuit sans fin, hurlant à la manière d'une créature possédée mais, comme souvent, l'ensemble palpite pourtant d'une sève morbide et envoûte, capable d'absorber tel un buvard toute forme de vie. Le véritable underground est là, caché dans les replis de cette lugubre gangrène. 4/5  (2016) 

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