12 avril 2016

Löbo | Älma (2010 / 2016)


Publié à l'origine il y a six ans en CD par un Major Label Industries, désormais en sommeil, « Älma » a droit aujourd'hui à une seconde vie grâce à Signal Rex qui a eu la bonne idée de le rééditer en format cassette. Ceux - les plus nombreux sans doute - qui étaient passés à côté de ce EP, alors second signe de vie de Löbo lequel, s'est montré depuis pour le moins avare d'une semence pourtant prometteuse (nous y reviendrons), pourront donc combler cette lacune. Car, si nous avions réussi à vivre sans elle pendant ces années et aurions d'ailleurs continué à le faire sans cette réédition, force est de reconnaître que cette modeste offrande n'est pas sans intérêt, loin s'en faut, opus dont la valeur est inversement proportionnelle à sa (trop) maigre durée. Contrairement à ce que son nom et son origine géographique – le Portugal - pourraient laisser imaginer, Löbo ne prêche pas au sein d'une chapelle noire lusitanienne à laquelle votre serviteur , cela ne vous aura pas échappé, voue une dévotion certaine, mais explore plutôt les arcanes mélancoliques d'un post doom plus atmosphérique que plombé, plus cosmique que mortifère, quand bien même quelques stigmates funéraires lui meurtrissent la peau aux traits étirés. 'Aqui em baixo a alma mede-se com mãos cheias de pedras', qui ouvre l'écoute, s'engouffre presque d'ailleurs dans le sillage pétrifié du Esoteric contemporain, le chant inhumain de Greg Chandler en moins car le groupe tisse en fait une trame instrumentale qu'aucun kyste vocal ne vient jamais corrompre. Comme happées par un vertigineux trou noir, ces quatre pistes, qui semblent en définitive n'en former qu'une seule, longue de plus de trente minutes, baignent dans une ambiances spatiale qu'étendent des claviers mangeurs d'espace, témoin ce 'Carne e Sombra' que vrillent toutefois des rushs de six-cordes échappées du lointain. Si l'ensemble manque de nerfs et s'éternise parfois un peu, le batteur ayant le temps d'aller pisser entre deux coups de caisse claire, les Portugais n'en maîtrisent pas moins l'art de la progression lancinante, du coup de boutoir qui perfore le rideau de brume, à l'image de 'Por fim só. Livre' dont le pouls se réveille lors d'une seconde partie d'une foudroyante beauté. Architecte d'un maillage fleuve presque métaphysique dans son emphase crépusculaire , Löbo puise sa singularité dans ces atmosphères stellaires jaillissant d'un socle rocailleux, caractère aussi unique qu'étrange, teinté de mystère, qu'illustre 'Matei os meus mestres - Silenciei os meus ídolos', lente pulsation qui, une fois à mi-parcours, s'enfonce brutalement dans les abîmes, plongée glaciale dans les profondeurs de ténébreuses fosses marines à la manière du Shape Of Despair le plus sinistre. Souhaitons que cette (re)découverte offre à Löbo un second départ tant cet opuscule capable d'envahir les sens, donne envie d'en écarter les cuisses à l'infini pour goûter davantage que ces préliminaires annonciateur d'un orgasme plus grand encore...   (2016)


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