Né
en 2013 à Brest, des cendres de Öyster Union, Duckhunters est un groupe de
Stoner Doom. Deux démos (First Demo puis Drop Dead) remarquées ont coulé sous
les ponts depuis, préparant le terrain à une première rondelle publiée
aujourd'hui sur le propre label des bretons, Drop Dead Records, détail qui a
son importance en cela qu'il illustre la volonté de musiciens soucieux de
conserver leur liberté et de bien faire les choses. Dont acte. De fait,
"Extinction Road" impressionne tout du long et d'emblée. Le
magnifique visuel qui lui sert d'écrin est à ce titre un premier contact qui
marque déjà fortement les esprits, pochette à la fois old school dans sa
réalisation et révélatrice d'un contenu qu'on devine sombre et apocalyptique.
Impression confirmée par la thématique aussi pessimiste que bitumée qui sert de
socle à des pulsations rugueuses, la peau épaisse, lardée par les morsures d'un
froid crépusculaire. Loin des sempiternelles histoires de fumette ou
d'occultisme de série B, l'univers de Duckhunters s'enracine dans une terre
dévastée dont la route est le symbole, sillonnant les Enfers, chemin plongé
dans une obscurité déglinguée que bordent des compositions ultra heavy
directement alimentée depuis les abysses par un trio guitare/basse/batterie au
fuselage plombé et dont le chant poisseux, comme biberonné au Destop, de Manu
est l'ultime clou au goût de rouille. 'The Road' (forcément) et surtout le
terminal et gigantesque (à tous points de vue) 'Hands Of Doom', apothéose
orgasmique dont le nom sonne comme une profession de foi, témoignent de cette
atmosphère pesante de fin du monde. Les autres morceaux ne sont toutefois pas
en reste, vidangeant un stoner graisseux trempé dans la semence mazoutée d'un
Sludge boueux, à l'image de 'Last Broadcast', à la construction étonnante, tout
d'abord faussement calme, presque sudiste avant de s'énerver et d'envoyer le
petit bois. Puissamment sinueux, l'opus suit un tracé meurtri, rarement pausé,
si ce n'est le temps du curieux instrumental 'Exile', courte respiration qui précède
le râblé 'The Bill', crachat énervé d'une force jouissive et cette conclusion
aux confins du Doom le plus pétrifié, derrière laquelle est planquée sous la
forme d'une ghost-track une imprévisible reprise aussi hallucinée
qu'hallucinante du 'Que je t'aime' de Johnny, entreprise audacieuse qui réussi
à ne pas détonner dans ce menu pourtant d'une noirceur désespérée. Noir c'est
noir. Osons l'affirmer, "Extinction Road" marque la naissance d'un
très grand groupe qui fait déjà très mal... (2016)
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