15 avril 2016

Dead Procession | Rituais e Mantars do Medo (2016)


Même quand ils font du doom, les Portugais parviennent à appuyer sur l'interrupteur, plongeant tout l'espace alentour dans une nuit opaque et sans étoiles. Bosque, Lord Of The Abyss font partie de ces spéléologues dont l'art pétrifié embrasse les ténèbres, obscure chapelle où prêche également Dead Procession, (forcément) mystérieuse entité sur laquelle on ne sait à peu près rien. Mais ses maigres offrandes parlent pour elle, hosties cultes dans la forme - tapes ou split 7'' épuisés à peine sortis du four - comme dans le fond, abyssal et cryptique. A ce niveau de noirceur autarcique, parler de doom semble presque absurde tant ce magma hanté noue au final plus de liens avec le black metal voire la dark ambient. Le fait que Dead Procession ait partagé un split avec Black Cilice confirme cette part de ténèbres. Tout est dans son nom d'ailleurs, évocateur de cortèges funèbres qui progressent à travers un sinistre rideau de brume. Premier hostie longue durée, "Rituais e Mantras do Medo" a quelque chose d'un rituel inquiétant. Percussives et hantées, ces cinq plaintes semblent se traîner, guidées par les psalmodies lointaines d'un chant monotone, à l'image de 'Percorrendo os Caminhos da Noite'. Si quelques rushs de guitares ferrugineuses vrombissent par moment, plongeant alors l'art de Dead Procession dans les replis d'un drone encrassé d'une décrépitude mortifère ('Osmose Esperitual'), l'opus semble avant tout vide de substance, ruminant des instants de mort jusqu'à la limite de l'abstraction. D'une chiantise absolue pour une majorité qui jugera abscons cette musique (?) qui ne possède ni la puissance tellurique du doom ni le lustre malsain du black metal, mais suintant une sourde et désincarnée beauté pour les autres, poignée de masochistes qui  seront happés par les exhalaisons lugubres de ces processions décharnées, drapées dans le suaire liturgique de claviers funèbres, et dont la lenteur presque immobile leur confère des allures de transe chamanique. Ecouter "Rituais e Mantras do Medo" s'apparente à une forme de cauchemars spectraux à travers de froids et humides corridors. Voyant la nuit par l'entremise de Labyrinth Productions, sous-division doom du label lusitanien Altare, ce premier véritable signe de mort de Dead Procession se veut une expérience sonore, atmosphérique dans sa noirceur charbonneuse et contemplative dans sa dimension rituelle. (2016)


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