Même
quand ils font du doom, les Portugais parviennent à appuyer sur l'interrupteur,
plongeant tout l'espace alentour dans une nuit opaque et sans étoiles. Bosque,
Lord Of The Abyss font partie de ces spéléologues dont l'art pétrifié embrasse
les ténèbres, obscure chapelle où prêche également Dead Procession, (forcément)
mystérieuse entité sur laquelle on ne sait à peu près rien. Mais ses maigres
offrandes parlent pour elle, hosties cultes dans la forme - tapes ou split 7''
épuisés à peine sortis du four - comme dans le fond, abyssal et cryptique. A ce
niveau de noirceur autarcique, parler de doom semble presque absurde tant ce
magma hanté noue au final plus de liens avec le black metal voire la dark
ambient. Le fait que Dead Procession ait partagé un split avec Black Cilice
confirme cette part de ténèbres. Tout est dans son nom d'ailleurs, évocateur de
cortèges funèbres qui progressent à travers un sinistre rideau de brume. Premier
hostie longue durée, "Rituais e Mantras do Medo" a quelque chose d'un
rituel inquiétant. Percussives et hantées, ces cinq plaintes semblent se
traîner, guidées par les psalmodies lointaines d'un chant monotone, à l'image
de 'Percorrendo os Caminhos da Noite'. Si quelques rushs de guitares
ferrugineuses vrombissent par moment, plongeant alors l'art de Dead Procession
dans les replis d'un drone encrassé d'une décrépitude mortifère ('Osmose
Esperitual'), l'opus semble avant tout vide de substance, ruminant des instants
de mort jusqu'à la limite de l'abstraction. D'une chiantise absolue pour une
majorité qui jugera abscons cette musique (?) qui ne possède ni la puissance
tellurique du doom ni le lustre malsain du black metal, mais suintant une
sourde et désincarnée beauté pour les autres, poignée de masochistes qui seront happés par les exhalaisons lugubres de
ces processions décharnées, drapées dans le suaire liturgique de claviers
funèbres, et dont la lenteur presque immobile leur confère des allures de
transe chamanique. Ecouter "Rituais e Mantras do Medo" s'apparente à
une forme de cauchemars spectraux à travers de froids et humides corridors. Voyant
la nuit par l'entremise de Labyrinth Productions, sous-division doom du label
lusitanien Altare, ce premier véritable signe de mort de Dead Procession se
veut une expérience sonore, atmosphérique dans sa noirceur charbonneuse et
contemplative dans sa dimension rituelle. (2016)
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