13 avril 2016

Brutus | Wandering Blind (2016)


Presque une appellation d'origine contrôlée, le hard rock vintage scandinave ne semble pas près de voir tarir sa faconde. L'année 2016 s'annonce même comme un grand cru en la matière, entre les rondelles respectives de Witchcraft et Spiritual Beggars. En dépit d'une aura (pour le moment) plus confidentielle que celle de ses aînés, il faudra à coup sûr compter également sur Brutus dont les deux premiers efforts ont su épancher la soif, jamais rassasiée, des amoureux de ce nectar épais et gaillard au goût tenace de revenez-y. Malgré les apparences, le groupe n'est pas suédois mais norvégien, origine géographique que trahit un son plus granitique, gravé dans une roche robuste. Les racines, par contre, sont identiques à celles des voisins, qui puisent leur sève dans un socle ancien, celui des Black Sabbath, notamment pour le chant de canard enrhumé de Nils Joakim Stenby, Deep Purple, Blue Cheer et consorts. Bref, le cadre est connu, sans surprise sans aucun doute, mais porteur de promesses humides de feeling, à la fois heavy et énergiques, groovy et délicieusement psyché. "Wandering Blind" reprend les choses pile poil où son prédécesseur, "Behind The Mountains" les a laissées il y a déjà trois ans. Sa pochette, façon bande dessinée, est un premier contact, porte d'entrée d'un univers qu'on devine jubilatoire, décontracté et tout simplement cool. Avec l'assurance tranquille de musiciens qui ont le grand Hard rock chevillé au corps, les gars enquillent les brûlots aux allures d'hymnes instantanés, trapus mais toujours imparables. Amorce toute en rondeur, le titre éponyme ferre ainsi l'amateur avec sa partie instrumentale du feu de Dieu où basse grassouillette et guitare qui se déhanche, se répondent avec gourmandise, fruit de l'accouplement sauvage entre Ritchie Blackmore et Ozzy Osbourne. Plus lents, plus lourds bien que tout aussi jouissifs, 'Drawning' et surtout 'Axe Man' séduisent grâce à leurs mélodies envoûtantes tavelées d'une tristesse  bucolique et les interventions juteuses de la paire de bretteurs.  Du haut de ses six minutes au jus, 'Whirlwind Of Madness' domine par sa durée le reste du menu, pulsation qui nous renvoie à la fin des années 60, riche de ses effluves bluesy lancinantes. Suivent trois morceaux plus rapides sinon accrocheurs quoique toujours velus dont 'The Killer", sans doute le plus sabbathien du lot. Retour ensuite au blues avec 'My Lonely Room' aux lignes grumeleuses avant que l'huis ne se referme déjà sur 'Living In A Daze' dont les ultimes mesures s'achèvent sur un solo orgasmique dans la grande et belle tradition des seventies. D'une sereine efficacité, "Wandering Blind" est un sans faute, collier serti de neuf joyaux d'écriture qui devrait encore davantage propulser Brutus au sommet du genre. Tout y est,  les compos, l'attitude, la classe, le feeling. Indispensable ! (2016)


                                     

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