24 novembre 2014

Krönik | Electric Wizard - Time To Die (2014)



En dépit d'une aura toujours intacte, nous sommes pourtant nombreux à estimer que Electric Wizard a perdu une bonne part de son âme il y a plus de dix ans maintenant avec le départ de sa section rythmique originelle, composée du bassiste Tim Bagshaw et du batteur Mark Greening. Passant de power-trio à quatuor - et donc à deux guitares - à partir de 2003 et l'embauche de l'ex Sourvein, Liz Buckingham, le groupe a d'abord rassuré avec "We Live", négociant un virage vers une musique moins apocalyptique et plus mélodique. Las, les deux hosties suivantes, "Witchcult Today" et "Black Masses", nous ont finalement donné raison, bons albums vierges toutefois de cette force obscure qui habitaient les Anglais lorsqu'ils étaient trois. C'est pourquoi le retour, malheureusement éphémère, de Mark Greening, confère à ce nouvel opus des allures de messie, de Graal attendu depuis 2002 et le définitif "Let Us Prey". Car, en bossant sur "Time To Die" pendant près d'un an avec Jus Oborn, le batteur n'a pas seulement (r)apporté son jeu animal et reconnaissable entre mille (nous y reviendrons) mais surtout cette espèce de sève méphitique (le dictionnaire est ton meilleur ami) qui a tant manqué à Electric Wizard depuis une décennie. C'est peut-être donner au batteur une importance exagérée, le résultat est pourtant là, dans cette huitième offrande fantasmée depuis longtemps, qui lui doit beaucoup. Osons-le dire, "Time To Die" est ce que le groupe a livré de plus excitant depuis "We Live" dont il est pourtant, par sa noirceur, le contre-poin. L'oeuvre n'évite cependant pas certains écueils, trop longue (plus d'une heure quand même) et tournant un peu en rond lors d'une seconde partie roborative et ce en dépit du grandiose instrumental qui achève l'écoute sur les mêmes notes qui l'ont ouvertes 65 minutes plus tôt, piste baignant dans cette ambiance gothique de films d'horreur de série B dont les Anglais sont friands. Mais il y a cette première moitié gigantesque qui efface d'un coup une décade trop sage à notre goût où Electric Wizard, conscient de son style, s'est égaré, en panne d'inspiration. Oui, il y a cette première partie démentielle qui matérialise tous les fantasmes que nous nourrissions dès l'annonce du retour de Greening dans le giron maternel. Avec ses roulements de toms jouissifs combinés à la voix inimitable de Jus Oborn et aux lignes de guitare telluriques usinées par ce dernier et sa belle, 'Incense For The Damned', du haut de ses dix minutes au jus, met ainsi tout le monde d'accord, synthèse (presque) parfaite entre le vieux Electric Wizard et le récent. L'enchaînement avec le titre éponyme procure des frissons, morceaux par ailleurs drapé dans un linceul de claviers hantés. Et que dire aussi de 'I am Nothing', lente procession aux ambiances pesantes. Dommage qu'après 'Funeral Of Your Mind', étonnamment accrocheur, le reste de l'album n'apporte donc plus grand chose quand bien même 'We Love The Dead' ou 'Saturn Dethroned' surclassent aisément la concurrence. A nouveau (presque) réduit au couple Oborn/Buckingham, il sera intéressant de voir comment évoluera Electric Wizard dans les années à venir... (cT2014)


Occult Doom | 65:26 | Spinefarm Records



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