Contrairement
à ce que son pseudonyme pourrait laisser croire, Brock van Wey ne pratique pas
de la dub mais ce qu’il nomme lui-même de la Deep Techno. Auteur d’une œuvre
gigantesque, l’homme est un solitaire qui tricote tout seul dans sa chambre à
l’aide de machines, une musique planante et d’une beauté forcément hypnotique. Pour
ce nouveau travail, le musicien s’est coulé à merveille dans le paradigme du
précieux label Glacial Movements : composer un véritable kaléidoscope d’images
glacées, représentation sonore de ces vastes étendues polaires et arctiques
tellement belles. Et comme les autres disques de l’écurie italienne, The Art Of
Dying Alone s’inscrit dans un cadre graphique bien défini, idéalement
représenté par les photographies de Bjarne Riesto. Bvdub, c’est surtout l’art
de l’insaisissable, de l’immatériel. L’homme cherche, non pas à écrire de la
musique, mais plutôt à capturer des émotions, saisir des images. En cela, cet
album constitue la porte d’entrée parfaite pour pénétrer son univers. En six
longues pistes (deux d’entre-elles voisinent avec les 20 minutes au compteur),
il exécute un pastel évanescent aux couleurs froides. De ces effluves
synthétiques et ouatées, ruisselle une tristesse infinie chère à leur auteur
dont l’œuvre est tout entière placée sous le signe d’une mélancolie diaphane.
De tous les artistes œuvrant chez Glacial Movements, il s’impose peut-être même
comme celui qui aura le mieux su toucher du doigt l’étrange et irréelle beauté
de ces paysages désertique d’une blancheur virginale. Corollaire de cette
palette uniforme, The Art Of Dying Alone est de ces albums qui nécessite à la
fois d’être écouté seul, dans l’obscurité d’une soirée d’hiver (c’est mieux),
et surtout d’être apprécié dans sa globalité, comme un tout indivisible.
L’appréhender par miette, ce serait l’exonérer d’une partie de sa puissance
hypnotique. De fait, ces plaintes aux confins de l’Ambient semblent ne former
qu’une seule et unique piste de plus d’une heure, invitation à un voyage
introspectif qui a la capacité rare de nous emmener très loin. On ne peut
qu’être envoûter par cette myriade de sonorités formant un tapi électronique
saisissant. Proche des premiers travaux de Jääportit, The Art Of Dying Alone
n’est pas loin d’accéder au rang de chef-d’œuvre du genre et nous ne pouvons
que vous inviter à découvrir plus profondément cet artiste solitaire qui avance
seul, ne s’attarde pas sur ce que l’on peut penser de lui. Il travaille,
progresse. C’est tout et c’est déjà énorme ! 4/5 (2012)
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