30 mars 2014

From the grave | Ufomammut - Idolum (2008)



Plus les années passent plus Ufomammut, dont le nom nous a toujours bien fait marrer, semblent décrocher les amarres de la terre ferme pour une autre dimension : la leur. Depuis Lucifer Songs en 2005, les Ritals ont bien dû abuser de la fumette en matant des films de SF de série B de leur chère Péninsule, genre La planète des vampires du grand Mario Bava. De plus en plus lourde comme une enclume mais surtout de plus en plus cosmique telle est la musique du groupe dont Idolum s’impose en parfaite carte de visite pour ceux qui ne le connaîtraient pas. A la croisée du stoner hallucinogène et du doom stélaire halluciné, cette échappée aussi démentielle qu’envoûtante ressemble davantage à un magma bordélique noyé sous les effets et les effluves acides qu’à un pur disque de rock. Un peu à la manière du Electric Wizard période Dopethrone en moins crépusculaire toutefois, les pistes de chant sont volontairement mixées en retrait par rapport à toute une stratigraphie instrumentale. Tellurique (« Hellectric »), la rythmique est écrasante comme un chape de plomb qui vous tombe sur la gueule ; les guitares, épaisses comme la semence masculine après plusieurs jours d’abstinence, barbotent dans le mazout. D’entrée de jeu, les trois premières salves vous assomment par leur puissance pachydermique. Puis survient, à la façon d’un oasis dans ce voyage étouffant, l’aérien « Ammonia » dont les mélodies vocales féminines ne pourront que vous rappeler le superbe « The Great Gig In The Sky » de Pink Floyd (sur Dark Side Of The Moon, bien entendu, mais est-ce utile de le préciser ?). Malgré la pesanteur des riffs vicieux qui lutinent avec une sauvagerie viciée la virginité de cette voix lointaine venue d’ailleurs, c’est une manière de pause au milieu d’un album qui ensuite décolle vers les paradis artificiels : « Nero » est une complainte complètement hypnotique, course en avant sans retour possible, progression infernale vers les abysses ; malfaisante, « Destroyer » viole les vagins auditifs avant de naviguer dans un maelström nébuleux ; enfin, passé une première partie lancinante au fort goût de stupre («Void »), « Elephantom » ouvre un espace mortifère et minimaliste aux confins du drone et de l’ambiant. qui dérive pendant 20 longues minutes dans l’absolu, puis s’achève progressivement jusqu’à ce que le tempo se ralentisse, comme suspendu dans l’éternité.  Beaucoup n’y verront qu’un supplice d’une chiantise absolue allant nulle part  cependant que quelques élus sauront y déceler une vraie beauté contemplative. On tient sans doute avec Idolum, bloc massif de matière brute, l’une des pierres angulaires de la carrière des Italiens. Pourront-ils faire mieux la prochaine fois ?  (cT08)

Cosmic Stoner | 66:00 | Supernatural Cat | FB




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