24 octobre 2013

KröniK | Aghora - Formless (2006)


Si à l'époque de son premier jet éponyme du feu de dieu, Aghora avait pu passer auprès des auditeurs mal informés comme le nouveau joujou de l'ancienne et culte section rythmique d'un Cynic alors encore dans les limbes, son principal instigateur , le guitariste virtuose Santiago Dobles s'est vite chargé de corriger ce mal-entendu, l'ombrageux Sean Malone (Stick bass) n'ayant pas poursuivi la collaboration plus longtemps. La situation est donc beaucoup plus clair lorsque sort six ans plus tard Formless, le tardif successeur d'Aghora dont il reprend le style époustouflant où se conjugue Metal progressif épris de liberté, jazz Rock et chant féminin aérien.

D'aucuns regretteront sans doute l'absence de Danishta Rivero (néanmoins présente à travers quelques textes), dont on n'a malheureusement plus croisé la voix talentueuse par la suite. Bien qu'à l'origine de lignes vocales moins personnelles, Diana Serra, dotée d'un physique tout à fait charmant, ce qui ne gâte rien, n'a pourtant pas à rougir de la comparaison. L'effet de surprise éventée et désertant cette fois-ci quelque peu le terrain ethnique (hormis le temps des courts "Lotus" et "Purification", respectivement chargés d'ouvrir et de fermer le voyage) et parfois barré de son glorieux aîné, Formless étonne moins mais saura probablement séduire un public plus large, emporté par une armature rythmique hallucinante de technicité ("1316" où le thrash nest parfois pas loin) en particulier une basse volubile et généreuse. Mais quel plaisir de retrouver cette guitare tour à tour feutrée (les notes acoustiques ouvrant "Fade"), acérée, toujours éblouissante ainsi que cette qualité, rare chez les esthètes de la virtuosité, de savoir composer de vraies compositions qui ne se confondent jamais avec un assemblage vain de strates et de plans destinés à en foutre plein la vue. Au contraire, l'affolante maîtrise des musiciens (à noter que Sean Reinert est  resté fidèle à Santiago), que ceux qui ont les oreilles rivées aux tablatures passeront des heures à décortiquer, n'étouffe jamais une écoute fluide et cristalline d'où jaillit une beauté tranquille et chaleureuse et dont on ne décroche pas en cours de route, ce qui est une gageure ! Bien que toujours lumineuses et émaillée par des aplats colorés, la musique d'Aghora a perdu en charme fusionnel ce qu'elle a finalement gagné en puissance. Faudra-t-il au groupe, toujours officiellement en activité, encore six années supplémentaires pour accoucher d'une nouveau joyau ? Si c'est pour enfanter un album de cet acabit, c'est là tout le mal qu'on lui souhaite.... (24.10.2013) ⍖⍖⍖







If at the time of his first eponymous draft of the fire of God, Aghora had been able to pass through the uninformed listeners like the new toy of the old and cult rhythmic section of a Cynic then still in limbo, his main instigator, the virtuoso guitarist Santiago Dobles quickly took care of correcting this misunderstanding, the shady Sean Malone (Stick bass) not having continued the collaboration any longer. The situation was therefore much clearer when Formless, Aghora's late successor, was released six years later. He took up the breathtaking style of Aghora, combining progressive metal, jazz rock and aerial female vocals. Some will undoubtedly regret the absence of Danishta Rivero (nevertheless present through some texts), whose talented voice was unfortunately no longer crossed afterwards. Although Diana Serra created less personal vocal lines, she has a very charming physique, which does not spoil anything, but she has nothing to be ashamed of in comparison. The effect of stale surprise and deserting this time somewhat the ethnic terrain (apart from the time of the short "Lotus" and "Purification", respectively responsible for opening and closing the trip) and sometimes crossed by its glorious elder, Formless surprises less but will probably seduce a wider audience, carried away by a hallucinating rhythmic frame of technicality ("1316" where the thrash is sometimes not far) especially a voluble and generous bass. But what a pleasure to find this guitar, alternately felted (the acoustic notes opening "Fade"), sharp, always dazzling as well as this quality, rare among virtuoso aesthetes, to know how to compose real compositions that never merge with a vain assembly of layers and plans intended to amaze. On the contrary, the frightening mastery of the musicians (note that Sean Reinert has remained faithful to Santiago), that those who have their ears riveted to the tablatures will spend hours scrutinizing, never suffocates a fluid and crystalline listening from which springs a quiet and warm beauty and from which one does not stumble along the way, which is a challenge ! Although still bright and enamelled with colourful flat tints, Aghora's music has lost in fusional charm what it has finally gained in power. Will it take the group, still officially active, another six years to give birth to a new jewel? If it's to give birth to an album of this kind, that's all the evil we wish him..... (24.10.2013)

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