Des
Pays-Bas, on connaît ses images d'Epinal : ses moulins, ses tulipes, ses
ballades à vélo, ses vitrines accueillantes, ses fromages, ses groupes de death
metal (Pestilence, Asphyx...), son metal à chanteuse (The Gathering, After
Forever....), moins sa scène black metal. On y croise pourtant une scène pas
inintéressante, surtout lorsque celle-ci demeure dans l'obscurité (Nibdem,
Fluisterwoud...) bien que dépourvue d'une véritable identité. Israthoum nous
vient pourtant de là bas, même si ses musiciens ont planté en réalité leur
graine au Portugal avant de migrer au nord de l'Europe quelques années après.
Sa récente signature chez le puissant Spikefarm, ainsi que le recrutement -
éphémère apparemment - de Kvohst (Code, Dødheimsgard...) à la guitare devraient
lui conférer une lisibilité auprès du public qui lui a fortement manqué depuis
qu'il a vu la nuit à l'aube des années 90. En effet, ce "Monument Of
Brimstone" n'est en fait que son second méfait et le premier depuis
"Black Scenery Avatar" en 2004. Ces gars, qui sont donc loin d'être
des stakhanovistes, sont les artisans d'un art noir véloce néanmoins toujours
très mélodique et recouvert d'un fuselage clair et puissant. Et si Israthoum
aligne comme des pinces à linge sur un fil pas mal de clichés propres au genre
(corpsepaint de rigueur, croix renversée, grognements des cavernes déjà
entendus mille fois auparavant...), il sait pourtant par moment élever sa
musique par des éclairs salvateurs qui viennent briser quelque peu une
linéarité qui aurait pu affaiblir des compositions plus élaborées qu'il n'y
paraît. N'ayant pas peur de dépasser régulièrement les six minutes au compteur,
les Néerlandais arborent en fait une plastique à double visage. Quand ils
foncent pied au plancher tels des Fangio du black, ces faces de goules
pataugent dans une banalité regrettable ("The Slanderer", "...
Through The Voice Of The Dead", cependant émaillé de riffs qui raclent)
alors que lorsqu'ils veulent bien s'engoncer dans un registre plus ombrageux et
davantage porté sur les ambiances, ils se rapprochent alors de la jouissance
("Wearing You" qui résonne des ondes libérées par des guitares
venimeuses, "Painters Of Uncreation" et ses nappes de claviers
heureusement parcimonieuses, "My Death Grotesque"). Ce n'est certes
pas l'orgasme des grands jours mais bon... Et c'est bien quand ils varient les
positions, qu'il se montrent plus inspirés, à l'image du très réussi
"Fire, Deliverance", périple majestueux coloré de touches médiévales
et folkloriques dont le guide est cette guitare acoustique belle comme un chat
qui dort. A cause de son manque d'innovation, "Monument Of Brimstone"
a certes peu de chance de marquer l'histoire du genre mais il est suffisamment
solide pour prétendre servir de doses noires aux amateurs en manque. 3/5 (2009)
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