31 mars 2012

Amesoeurs - Amesoeurs (2009)


Un EP séminal - Ruines humaines - en 2006, suivi d'un split l'année suivante avec Valfunde, l'âme noire de Peste Noire, puis le silence. C'est donc un euphémisme que d'affirmer que ce premier album longue durée d'Amesoeurs était attendu comme un graal par tous ceux qui ont été séduit par ce rock froid aux confins du post black metal, scène dont est issu le guitariste Neige. 

Amesoeurs, une oeuvre en forme de testament car le groupe, visiblement incapable de s'accorder sur son futur, s'est depuis dissout. Mais la déception - immense, que ne peut que succiter cette nouvelle, n'entame en rien le plaisir d'écouter un opuscule qui tient toutes les promesses que ses (petits) aînés avaient fait naître. Amesoeurs a quelque chose d'un kaleidoscope de visions noires, d'images saturées de gris. Il est le tableau sonore, ainsi que visuel grâce au travail du guitariste Fursy Teyssier, d'un charnier urbain, d'une lèpre qui gangrène la civilisation. Le douloureux et absulement sublime instrumental d'ouverture, "Gas In Veins", petit bijou d'écriture qui justifie à lui seul l'achat de ce disque, pose avec beaucoup de justesse le décor. Avec un froid désespoir et une puissance intense (le break final est monumental !). 

S'il n'a bien entendu rien à voir avec le black metal, encore que que des titres tels que "Recueillement" ou "Trouble (Eveils enfâmes), vociférés par Neige, ne puissent passer pour autre chose, cet essai éponyme partage avec cette chapelle le goût pour une forme de décrépitude et pour des riffs qui ouvrent les vannes d'une négativité certaine. La production, minérale, concoctée par Markus Stock (Empyrium, Noekk...) participe aussi de cette dureté sombre. 

Ces onze plaintes écrites à l'encre grise d'une vie morne et sans joie, dérivent entre shoegaze, musique post punk ("Amesoeurs") et metal froid comme l'âme de ces mégapoles sales et inhumaines, ces ruches malades avalées par des relents avariés. Amesoeurs est une oeuvre triste et douloureuse, à l'image du court et émotionnel "I XIII V XIX XV V XXI XVIII XIX - IV V I IV". Le chant fragile de Audrey Sylvain suinte une fébrilité touchante ("Video Girl", "La reine trayeuse") ; sa voix est le vecteur d'une mélancolie qui coule, serpente à travers ces déambulations au charme déglingué, tandis que les paroles libère la vermine désespérée d'une poésie pourrissante et belle à la fois. 

Mais toujours, il y a une aliénation dissonante qui vient polluer les chansons, comme le final de "La reine trayeuse", celui de "Trouble (Eveils infâmes") également. La manière dont le groupe semble détourner le son des cloches d'une église qui se transforme lors des premières mesure de "Heurt", en bruit de ferraille que l'on concasse, est symptomatique de sa vision crépusculaire du monde. "Au crépuscule de nos rêves" justement achève l'écoute sur une note particulièrement sombre. Sans lumière. 

D'une grande maturité, cet album s'impose comme une réussite admirable qui laisse cependant désormais un goût amer dans la bouche car l'on sait qu'il restera malheureusement sans descendance. Bien sûr, tous les membres du groupe participent à bien d'autres projets (Alcest, Forgotten Woods et Lantlôs pour Neige, Les discrets pour Fursy Teyssier...) mais aucun d'entre eux ne pourra sans doute totalement remplacer cette Amesoeurs unique et singulière d'une triste beauté. 8/10

A lire : Valfunde / Amesoeurs (2007)





A seminal EP - Ruines humaines - in 2006, followed by a split in the following year with Valfunde, the black soul of Black Death, then silence. It is an understatement to say that this first full length album of Amesoeurs was expected as a holy grail for those who have been seduced by the rock on the borders of post cold black metal scene from which the guitarist Snow.

Amesoeurs, a work in form of will for the group, apparently unable to agree on its future, has since dissolved. But disappointment - huge, that can only succiter this new, not detract from the pleasure of listening to a booklet that takes all the promises that its (small) seniors had raised. Amesoeurs has something of a kaleidoscope of visions black, saturated images of gray. It is the sound picture, and video through the work of guitarist Fursy Teyssier, an urban mass grave, a gangrene leprosy civilization. The painful and absulement sublime instrumental opening, "Gas In Veins" gem of writing that alone justifies the purchase of this disc, poses with great accuracy the decor. With a cold despair and intense power (the final break is monumental!).

If it has obviously nothing to do with black metal, although that titles such as "Meditation" or "Trouble (enfâmes awakenings), African fish by snow, can not pass for anything else, this essay shares with eponymous this chapel a taste for a form of decay and riffs that open the floodgates for some negativity. production, mineral, concocted by Markus Stock (Empyrium, Noekk ...) is also involved in this dark hardness.

These eleven complaints written in ink of a gray dreary and joyless life, derived from shoegaze, post punk music ("Amesoeurs") and cold metal as the soul of these megacities dirty and inhumane, these hives swallowed by patients hints damaged. Amesoeurs is a sad and painful work, like the short and emotional "I XIII V XIX XV V XXI XVIII XIX - IV VI IV". The song's fragile Audrey Sylvain excitement oozes a touching ("Video Girl," "The Milkmaid Queen"), her voice is the vector of a melancholy flowing, meandering strolls through these ramshackle charm, while the lyrics releases the a desperate vermin and rotting beautiful poetry at a time.

But still, there is a disposition which pollutes the dissonant songs like the finale of "The Milkmaid Queen", that of "Trouble (infamous Awakenings") also. How the group seems to divert the sound of church bells which turns in the first measure of "Slam" by rattling noise that is crushed, is symptomatic of twilight vision of the world. "In the twilight of our dreams" just finished listening to a particularly dark notes. Without light.

In a mature, this album stands out as an admirable achievement, however, now that leaves a bitter taste in the mouth because we know that unfortunately remain childless. Of course, all group members participate in many other projects (Alcest, Forgotten Woods and Lantlôs for Snow, The discrete Fursy Teyssier ...) but none of them will probably completely replace the single Amesoeurs singular a sad beauty. 8/10


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire