Petit pays, à la fois isolé et central en
Europe, la Suisse n’a pas manqué de livrer maints groupes de metal, souvent
intéressants, toujours originaux, à l’instar de Celtic Frost ou de
Coroner. De part sa jeunesse, Zatokrev ne peut en aucun cas être déjà
comparé à ses deux illustres ancêtres, mais ce groupe est néanmoins des plus
prometteurs. Il s’agit d’un trio forgeant une musique d’une densité écrasante,
qui doit autant au hardcore américain (pour le chant hurlé et vindicatif) qu’au
doom (pour ses rythmiques pachydermiques), sans oublier une louche de metal
atmosphérique (pour les passages les plus planants et hypnotiques). La
filiation avec les travaux récents de Neurosis est certes évidente, mais les
petits Suisses parviennent à tirer leur épingle du jeu dans ce style que
certains baptisent déjà doomcore (ça ne s’invente pas). En cinq titres
pétrifiés, les musiciens vomissent une véritable oppression sonore au souffle
apocalyptique effrayant. 40 petites minutes, c’est à la fois peu et largement
suffisant pour ce faire une idée de la puissance de la bête. Le groupe n’a
pas peur de diversifier ses attaques, en introduisant parfois des voix clairs
lumineuses (“ Through ”) ou un groove robotique et répétitif (le
final de “ … Zato Krev ”) ; aussi à l’aise qu’il est dans le
format court façon panzer qui pulvérise tout sur son passage (“ Reveal ”),
que dans la longue complainte destructrice aux climats faussement paisibles
(“ Fourem ” et ses 14 minutes agonisantes). Un groupe à suivre
donc, tout comme le jeune label (Codebreaker) qui l’a signé. 3/5 (2006)
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