YOB est
encore un jeune groupe et The Illusion Of Motion n’est que son troisième album.
Mais il s’agit du premier à bénéficier d’une large exposition car produit par le
puissant label indépendant Metal Blade. Cette signature devrait permettre aux
Américains de mieux faire connaître leur musique. Et Dieu sait qu’elle le
mérite ! En dépit d’un patronyme ridicule, le groupe lui, ne rigole
pas et délivre un doom gigantesque à la fois aussi tellurique que les abîmes de
l’enfer (“ Exorcism Of The Host ”) et aussi cosmique qu’un Pink Floyd
ayant absorbé du LSD par boîte de 12, même si l’ensemble a la légèreté d’un
porte-avion. On pense parfois à Electric Wizard, les délires acides en
moins. L’analogie ne s’arrête pas là car les deux groupes s’articulent autour
d’un trio (ce n’est toutefois plus le cas pour les rosbifs). De fait YOB, quand
bien même il régurgite des morceaux très longs (plus de 26 minutes pour le
dernier des quatre titres qui composent The Illusion Of Motion), a cette
capacité à aller à l’essentiel. La guitare, la basse et la batterie n’ont pas
besoin de nappes de claviers pour tricoter les atmosphères mélancoliques chères
au doom. Cependant, répandre le désespoir ne constitue pas la priorité des
Américains qui préfère voir copuler leurs instruments afin de cracher la
musique la plus pachydermique possible. Malgré leur longueur qui les entraîne
parfois au bord de la rupture, les chansons ne sombrent pas dans une lenteur
pétrifiée et mortifère (bien que le morceau–titre, déjà cité, soit un pavé
monstrueux qui n’est pas si aisé à savourer jusqu’au bout) .
Elles ne nous invitent pas non plus à contempler des paysages désolés ou
gangrenés par une urbanité suppliciée. Elles sont davantage un plongeon dans un
labyrinthe sonore, certes plutôt extrême, mais où la mélodie n’est jamais
bien loin, grâce à un chant qui donne l’impression d’entendre Ozzy avec un gros
rhume, et à des riffs de toute beauté. Vu l’excellence de cet album et un
potentiel qu’on devine énorme, YOB est un groupe à suivre de très très près, et
qui possède déjà une identité forte au sein de la scène doom américaine. 3,5/5 (2006)
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