18 décembre 2011

Abyssic Hate | Suicidal Emotions (2000)


Cet album correspond tout simplement à la quintessence du Black Metal dépressif où le côté répétitif est poussé à son extrême paroxysme. 

Alors qu'il est considéré, à juste titre d'ailleurs, comme une légende du Black Metal australien, Abyssic Hate ne brille pourtant pas par sa productivité, ceci expliquant sans doute cela. En effet, si les premières années de sa vie, débutée en 1993 l'ont vu cracher des démos par cagettes entières aboutissant en toute logique sur la gestation d'un véritable album en 2000, depuis c'est un assourdissant silence qui domine une discographie que seule une compilation (A Decade Of Hate) six ans plus tard a complété, la sortie d' une second offrande, dont on a pourtant aperçu à une époque un bout de visuel, étant constamment repoussée. Mais de toute façon, la carrière de Shane Rout ne compterait que Suicidal Emotions qu'elle serait quand même indispensable.

Et tant pis si la totalité de son menu, soit quatre plaintes en 50 minutes, apparaissait déjà par miettes sur les démos qui l'ont précédé. Cet album correspond tout simplement à la quintessence du Black Metal dépressif où le côté répétitif est poussé à son extrême paroxysme. Seul à bord, secondé par l'entité culte de la Dark Ambient suédoise, Raison d'Etre, le temps d'une outro frissonnante, Shane Rout racle les chairs à grands coups de riffs qui grésillent comme jamais on n'en a alors entendu depuis le Filosofem de Burzum et que le vernis sonore pollué rend encore plus habités, cependant que le chant a quelque chose de ces écorchés créés par Honoré Fragonard. S'abîmer dans les sombres arcanes de Suicidal Emotions à plein volume, comme il conseille de le faire dans le livret, vous procure de terrifiants frissons. Basé sur des complaintes qui s'étirent entre 7 et 17 minutes, l'opus débute avec un véritable chef-d'œuvre, "Depression - Part I", dont la rapidité du tempo ne l'exonère pas d'une sève suicidaire que les guitares vous injectent insidieusement dans les veines tel un poison noir. L'homme y prend son temps pour installer ses ambiances dépressives qui lessivent le cerveau au point d'y laisser d'indélébiles stigmates. Et que dire de l'interminable (dans le bon sens du terme) "Despondency", dont la lancinance lui confère des allures de transe hypnotique et qui s'achève sur des nappes Ambient glaciales, celles de Peter Andersson (Raison d'Etre), kyste fantomatique et désincarné qui par sa tonalité hivernale et nocturne entraîne l'œuvre dans une mort finalement bien plus effrayante que les coups de scalpel dépressifs entendus pendant les 45 premières minutes. Après une si longue période de silence, l'Australien réussira-t-il à faire mieux avec son hypothétique successeur ? L'histoire nous le dira mais il est permis d'en douter... (22.11.2011)


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