Asphyx
: ce nom ne dira peut-être pas grand chose aux gamins qui viennent à peine de
perdre leur pucelage métallique. Certes, le groupe n'aura connu que sept ans de
silence radio depuis son split en 2000, mais son âge d'or s'étant tenu lors de
la première moitié des années 90, entre 1991 et 1994 pour être précis, ceci
explique pourquoi la résurrection des Hollandais ne parlera qu'aux vieux cons
qui ont vécu, les mains moites, les débuts du death metal. La trilogie
constituée des The Rack (1991), Last One On Earth (1992) et Asphyx (1994) ont
en leur temps contribué à dessiner le son brut du death européen. Autour de son
emblématique chanteur, Martin van Drunen (ex-Pestilence, Bunkur, Bolt Thrower),
lequel a pourtant quitté le navire en 1993, Asphyx s'est donc reformé il y a
deux ans. Néanmoins, ce n'est pas sous son line-up "classique" qu'il
l'a fait car le guitariste Eric Daniels n'y prend pas part, remplacé par Paul
Baayens, acolyte du vocaliste au sein de Hail Of Bullets. En revanche, la
batterie est bien assurée par l'un des fondateurs du groupe, Bob Bagchus. Death...
The Brutal Way, qu'il ne faut pas confondre avec le EP presque homonyme dont le
collectif s'est délesté l'an dernier et qui ne comprenait que deux titres
("Death... The Brutal Way" et la reprise de Celtic Frost "Os
Abysmi Vel Daath"), voit enfin le jour. Au programme, dix saignées d'un death metal old-school vicieux et
rampant qui font mal aux muqueuses, enténébrées par une production âpre et
grisâtre qui leur sied à merveille (le mixage a été confié au grand Dan Swanö).
Ce que Hail Of Bullets est parvenu à réaliser avec son ... Of Frost And War, à
savoir recapturer cette "vibe" unique, ciment des premiers groupe du
genre, Asphyx le réussit encore davantage, au point que l'on a l'impression que
cet album a été composé et enregistré il y a presque vingt ans, sans pour
autant paraître daté ! Lourd comme un blockaus, malsain et organique, Death...
The Brual Way alterne avec la puissance de feu d'un char allemand, blitzkriegs
rapides et fiévreuses et mid tempo aux allures de forteresses imprenables. Dans
le premier camp, citons les "Eisenbahnmörser" (déchiré par des
décélérations implacables), le gigantesque "Scorbutics", qui met tout
le monde d'accord en ouverture des hostilités, "Bloodswamp" et sa
longue entame étouffante sans oublier le grandiose et ultra pesant "The
Herald", émaillé d'un solo d'une gravité sourde absolument superbe. Pour
le second, il y a le quasi doom "Asphyx II", sur lequel van Drunen
chante avec ses trippes comme si demain ne devait plus exister et atteint des
sommets de noirceur haineuse, "Cape Horn", longue campagne sanglante
dont les riffs trempent dans une rouille épaisse et l'instrumental final,
"The Saw, The Torture, The Pain". Mention spéciale aussi à
"Black Hole Storm", et ses étonnantes notes de piano aux accents
funéraires en guise de prologue et l'incisif "Riflegun Redeemer" qui
débute dans une chape de plomb avant de s'emballer quand bien même il est
fissuré par un break qui donne tout son sens au mot "heavy". Une
réussite exemplaire et certainement l'un des meilleurs albums de death metal
sorti il y a longtemps. Une question toutefois : qul est l'intérêt pour Martin
van Drunen et Paul Baayens de mener de fronts deux groupes - Asphyx et Hail Of
Bullets - dont les différences stylistiques se révèlent au final des plus
floues ? (2009)
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