Peut-on
pécher par excès d’ambition ? Certainement. Supplicium le prouve donc un peu
malgré lui. A vouloir bourrer jusqu’à la gueule son premier verset satanique
longue durée en agglomérant six méfaits (plus une intro et une outro) en un peu
plus d’une heure, le groupe se tire lui-même une balle dans le pied. Non pas
que Magna Atra Missa soit mauvais, bien au contraire (nous y reviendrons) mais
on finit un peu par décrocher face à ce blasphème qui fait plus que frôler
l’indigestion. C’est regrettable car Supplicium en a sous la soutane
ensanglantée ! Dire qu’on attendait cette première giclée de sperme comme
l’anté-christ tient de l’euphémisme. Et ce depuis un Ep séminal Altra Poenae il
y a deux ans. Deux ans, longue gestation pour accoucher d’un monstre
tentaculaire. On savait la horde portée sur les ambiances noires et sinistres.
On n’ignorait pas non plus sa maîtrise du canevas qui s’étire de manière
lancinante. On découvre avec Magna Atra Missa des musiciens, des vrais, qui
réussissent à repousser jusqu’à son paroxysme la capacité que possèdent leurs compositions
à avaler l’espace, à grignoter leurs propres ramifications. Du haut de leur
dizaine de minutes au compteur, celles-ci sont le théâtre de la vicieuse
copulation entre accélérations fiévreuses et tempo rampant. Le meilleur exemple
en est « Diaboli Cultus ». Après des prémices grésillantes et délicieusement
dépressives, la plainte déroule un tracé hypnotique avant que le rythme ne
s’emballe soudainement. Puis de nombreuses fractures lancinantes qui
engourdissent, viennent écartelées ces parois mortifères, coups de boutoir
fielleux alternant avec décélération du va-et-vient. Malgré leur extrême durée,
ces psaumes invertis passionnent
constamment grâce à des relents presque Thrash parfois (« Evil Slowly
Infects Our Souls ») cependant que les riffs obsédants qui les irriguent le
plus souvent les plongent dans un charnier sulfureux.Tout ça n’est bien entendu
pas des plus original, autant dans la forme que dans le fond alimenté par un
satanisme éprouvé bien que morbide mais Supplicium s’y entend justement pour
avec largesse ouvrir les vannes d’une mortification extrêmement malsaine et
pourrissante. Et s’il est sans doute trop long (ce n‘est pas si grave), ses
auteurs n’auraient au final guère pu chatrer Magna Atra Missa poissé d’un suint
evil et dont chaque piste forme les diverses étapes d’une interminable
procession funéraire. (cT010)
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