Vous
l’aimez comment votre Death Metal suédois ? Servi avec une sauce Heavy et
relevé d’une dose de Thrash ou plutôt sale et baveux avec des cadavres et des
zombis dedans ? Vétéran de la scène de Stockholm, Grave rejoint bien entendu la
seconde catégorie. Après un hiatus de quelques années, les fossoyeurs menés par
le (seul) rescapé Ola Lindgren, sont revenus de sous terre en 2002 avec le bien
nommé Back From The Grave. Depuis, tous les deux ans, un nouvel album vient
compléter cette discographie débutée il y a maintenant plus de vingt ans et
dont la boucherie la plus célèbre demeure Into The Grave. Si ce retour a été
accueilli avec une certaine excitation par une poignée de nostalgiques de ce
son boueux sentant la carcasse et attirant les mouches, une indifférence sinon
l’impression d’entendre toujours à peu près la même chose s’est ensuite très
vite installée, quand bien même il serait exagéré de prétendre que Fiendish
Regression ou As Rapture Comes sont de mauvais rejetons. Seulement voilà, une
nouvelle génération de creuseurs de tombe est apparue récemment, dont le plus
culte demeure Hooded Menace, renvoyant les ancêtres dans le formol.
Heureusement, Burial Ground, en faisant plus que patauger dans les marais du
Doom Death, permet à Grave de reprendre du poil de la bête et se montrer plus
saignant que jamais. Salis par une prise de son grésillant bricolée à la maison
digne de la grande époque (ou presque), les titres arpentent des caveaux un peu
moins rapides que sur les méfaits précédents. Lourds comme un Panzer, certains
d’entre eux entament des décélérations monstrueuses : "Conquerer",
sur lequel plane l’influence évidente de Bolt Thrower, "Dismembered
Mind", le sinistre "Burial Ground" qui, du haut de ses sept
minutes, s’enfonce dans la terre, lente reptation mortifère qui résonne comme
le glas et ferme la marche sur une note funéraire énorme. Citons aussi la
première partie de "Ridden With Belief" et son entame aux faux airs
de "South Of Heaven" (Slayer). Le reste est constitué d’agressions à
la vélocité éprouvée mais coulées dans ce suint baveux qui leur confère une
rugosité cradingue. "Liberation", "Sexual Mutilation" ou
"Semblance In Black" déversent ainsi des boyaux visqueux et rapides
dans lesquels les morts vivants peuvent se repaitre avec délectation. Mix
habile entre Death Metal bourrin (beaucoup) et Doom prisonnier d’une flaque de
mazout (un peu), Burial Ground est une excellente surprise de la part d’un
groupe dont on pensait un peu avoir fait le tour. Certes, il n’invente plus
rien (le peu de différence entre cet album et son prédécesseur Dominion VIII le
confirme) mais il le fait avec un solide savoir-faire. Et alors que Entombed,
celui qui fut le premier à imposer le genre en Suède avec sa trilogie Left Hand
Path / Clandestine / Wolverine Blues, court depuis longtemps après cette
réussite passée sans vouloir l'admettre, Grave, de même que Unleashed, connait
quant à lui une seconde jeunesse qui fait plaisir à entendre même si elle est
inégale. Il reste donc un des meilleurs artisans de ce Death old school que
tant de groupes tentent de copier. 3.5/5 (2010)
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