Les
Italiens n’ont pas que Lacuna Coil ou Rhapsody, ils peuvent aussi compter sur
une scène active à défaut d’être toujours excellente où règne le riff lourd et
gras. La déesse doom y a plusieurs chapelles : classique (Thunderstorm),
occulte et bizarre (Paul Chain et les premiers sermons de Death SS),
industrielle (l’immense Void Of Silence) ou plus stoner. Black Land prêche dans
cette dernière. Après un premier galop d’essai (Evil of Mankind) et un split
partagé avec Kter encore tout chaud, le groupe annonce tout de suite la couleur
avec Extreme Heavy Psych. Visuel aux teintes bariolées, orné de motifs
psychédéliques (champignons etc...) sentant bon la fumette et titre qui sonne
comme une profession de foi permettent de savoir à peu près où l'on met les
pieds. Biberonné aux films bis ritals (les meilleurs) et à l’ésotérisme facile,
Black Land n’invente rien, agace avec la voix de son chanteur et guitariste
sobrement baptisé Killer mais séduit cependant avec son stoner doom psyché au
goût prononcé de substances illicites. Sur un socle sale et pesant, basé sur
des guitares épaisses, une rythmique pachydermique bien que parfois plus
groovy, Extreme Heavy Psych est comme un trip halluciné aux relents seventies,
bande-son qu’on imaginerait bien coller à un road-movie occulte et dont la
course folle débute par le cosmique « Psych n°1 », noyé sous un brouillard
d’effets. Après un « Black Wizard » sympathique mais conventionnel, le long «
Life and death », dévoile toute l’inspiration dont sont capables ces Italiens.
Lignes de guitares belles à en pleurer, voix d’outre-tombe étonnantes et
parcimonieuses, changement de tempo aliment un titre parmi les plus
intéressants du lot. Autre moment fort, le bluesy « R’n’R Gate », et ses
grattes fiévreuses qui s’accouplent avec un orgue dégoulinant les années 70 par
toutes les touches ou bien l’instrumental « Holy Weed of the Cosmos » bien dans
le ton général. Les deux derniers morceaux illustrent que s’il ne saurait être
considéré comme la plus grande découverte depuis le LSD, Black Land n’en
maîtrise pas moins son sujet qu’il défend avec une évidente sincérité et une
envie communicative. La seconde partie de « Victims of the Cast », baignant
dans des effluves psychédéliques que libèrent ces guitares hallucinogènes,
véritables rampes de lancement pour toutes les digressions possibles en live,
le montre bien comme elle témoigne également du respect envers les codes régissant
ce hard rock nostalgique d'une époque qui n'a jamais été autant citée, pillée
ou vénérée. Black Land est une bonne découverte à conseiller aux fans de
Electric Wizard et autre Pentagram. L'originalité n'est pas forcément de mise
(ce n'est pas le but) mais l'ensemble distille en sus ce petit charme que seuls
les doomeux italiens possèdent. (2010)
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