11 juin 2010

KröniK | Akitsa - Au crépuscule de l'espérance (2010)


Alors qu’à ses débuts, il s’est montré particulièrement productif, multipliant les splits et autres saillies assez courtes, depuis quatre ans en revanche, Akitsa se fait plus discret. Un album en 2006, La grande infamie, un split avec Total Genocide deux ans plus tard. C’est maigre et c’est pourquoi l’annonce d’un (enfin !) quatrième méfait a été accueilli avec exaltation par tous ceux qui estiment, à raison, que ce groupe, tout d’abord simple tandem et aujourd’hui trio depuis l’embauche comme batteur de Eric Syre, s’avère être un des hérauts les plus intéressants du black metal québécois. Plus haineux et nihiliste que jamais, Akista, artisan d’un art noir cru et viscéral, livre avec Au crépuscule de l’espérance un crachat digne de sa légende noire.

Il place même la barre très haut avec les deux titres d’ouverture, « Crematorium », prologue mortifère d’une beauté suicidaire dégueulasse et plus encore le burzumien « Les sentinelles », sommet de vermine malsaine tricoté par des riffs venimeux et des nappes de claviers maladifs. Le chant écorché y régurgite plus de misanthropie que bien des étrons inondant les bacs des disquaires. En cinq minutes, c’est une vraie leçon que nous assènent les Québécois. Et cette manière de stopper l’écoute brutalement participe également d’une attitude très black metal, ce que confirme le quasi punk « Morsure ». Au rampant « Loyauté », qui résume à lui seul toutes les valeurs identitaires du groupe et à l’étrange « Cercueil national », on préférera le bruitiste « Au crépuscule de l’espérance », abîme de négativité démentiel et assurément l’Everest de l’album. Entièrement instrumental, il n’est bâti que sur une décharge de riffs pollués qui se répète pendant plus de sept minutes au bord de la rupture. Encore une fois, faire plus noir et dépressif paraît impossible. Du coup, les agressions suivantes sont moins marquantes, malgré le reptilien « Le dernier putsch », corps froid que secouent des vibration chargées d’une décrépitude infinie ou « Vers la mort », douloureux cri de désespoir. Drapé dans une croûte sonore dont la pourriture est savamment étudiée (soyez-en sûr, cuisiner un son crado sans être une infâme bouillie, n’est pas si simple), Au crépuscule de l’espérance est comme la peinture brûlée d’une société en plein naufrage. C'est une œuvre crépusculaire, comme son nom l'indique, d'un pessimisme aussi poisseux que définitif. (2010) ⍖⍖⍖⍖







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