18 avril 2010

MHÖNOS - Miserere Nostri (2010)

Self-released - 8.5/10 - MySpace

Happé par des ondes telluriques, vous poussez la porte de ce temple avalé par l’obscurité. Une cérémonie y est entamée. Vous prenez place parmi les quelques fidèles encapuchonnés. Très vite, les murs tremblent, secoués par les riffs basse fréquence libérés sur l’autel par deux prêtres dont vous ne parvenez pas à distinguer les traits. Puis un chant incantatoire résonne, invite à un rituel charbonneux. Il fait abominablement sombre dans cet antre dont les ombres la disputent avec des vivants en état de transe. 

Miserere Nostri. Depuis le recours au latin jusqu'aux chants sacrés qui drapent par moment tel un écho funèbre la première de ses quatre complaintes,  un souffle religieux mine cette séminale messe pour les morts de Mhönos, entité mystérieuse gravant dans la roche froide et anthracite un drone ritualistique et occulte. Convoquant l’esprit impie du Grand Ancien Abruptum, il est une descente à la crypte qu’aucune lumière ne vient jamais réchauffer de sa flamme. 

En quarante minutes, Mhönos délivre un monument ténébreux essentiellement instrumental dont les parois glaciales suintent un sentiment de mal être absolu. Le vecteur de cette souffrance prend mort plus que vie dans ces cordes qui vibrent, grondent, mutent en un monstre à la noirceur insondable. Après une première moitié qu’une seule plainte aux allures de messe noire remplit, s’enchainent deux pistes plus courtes. Structure minimaliste, vocalises lointaines et effrayantes, secousses sismiques bourdonnantes forment le substrat d’une seconde piste qui confine à la procession hypnotique se recueillant dans l‘église du dieu Sunn O))). Plus ambient, le troisième segment évoque le Burzum électronique et répétitif. Une même solitude, un isolement identique s’expriment à travers ces effluves osseuses d’où ruisselle plus de tristesse que dans bien des disques de black dépressif. 

Masse indivisible incandescente et sinistre dont chaque côté s’enchaînent pour n’en constituer qu’un seul, Miserere Nostri s’achève sur un ultime pan long de plus de dix minutes qui semblent répondre tant par sa longueur que par les émanations qu’il vomit à la première partie de cette liturgie mystique. Cauchemardesque mais affreusement beau, il est une reptation lancinante et  trouble que déchirent à intervalles irréguliers des psaumes prononcés par des voix hantées mécaniques. 

Les cloches sonnent tel le glas. Le rituel est terminé. La porte de l’édifice se referme. Mais elle se rouvrira très vite car Miserere Nostri est de ces odes noires qui vous hantent très longtemps après que ses derniers sons se soient éteints. (cT2010)


TRACKLISTING
  1. I 17:19
  2. II 06:00
  3. III 04:26
  4. IV 12:35
TOTAL RUNNING TIME 40:20

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