4 mars 2023

KröniK | Jon Lord - Windows (1974)




On ne présente plus Jon Lord, membre fondateur avec Ritchie Blackmore, de Deep Purple. En revanche, il peut être bon de rappeler que le moustachu a aussi déployé son talent en dehors du giron maternel, que ce soit durant les phases de sommeil de ce dernier – le Malice In Wonderland de Paice / Ashton / Lord en 1978 ou une poignée d’albums pour Whitesnake entre 1979 et 1984 – ou entre deux enregistrements du géant anglais. C’est le cas de Windows, qui fait suite, et dans une même veine musical, au Gemini Suite de 1971. Cette seconde escapade en solo capturée en live au cours d’une des années les plus remplies pour Deep Purple, se divise en deux volets. Le premier, « Continuo on B.A.C.H. », intégralement instrumental, offre la possibilité à l’organiste de démontrer sa passion pour la musique classique et pour Bach en particulier. Voyage aux multiples ambiances, c’est une vraie réussite. Pompeuse certes, mais flamboyante et grandiose. Toutefois, le plat de résistance est constitué du morceau éponyme de plus de 30 minutes, qui puise sa source dans le Concerto For Group Orchestra du Pourpre Profond, gravé en 1969 et dans le Gemini Suite, dont on décèle des extraits. 

Pour matérialiser cette longue pièce épique inspiré de poèmes orientaux du 14ème siècle, baptisés Renga, qu’il a composé avec le chef d’orchestre Eberhard Schoener, Lord s’est entouré des deux nouveaux membres de Deep Purple, le chanteur David Coverdale et le bassiste (et chanteur également !), Glenn Hughes, ainsi que de Tony Ashton au micro, du batteur Pete York et du guitariste Ray Fenwick. Tout ce petit monde s’est donc réuni (comme pour le premier morceau) en juin 1974 à Munich, accompagné de l’orchestre de la dite ville. Encore une fois, le résultat est foisonnant. Windows poursuit les recherches entamées cinq ans plus tôt afin d’aboutir à la fusion entre le rock et la musique classique. Tout comme son aîné, il souffre des mêmes qualités (certains passages, notamment ceux parmi les plus rock, sont de toute beauté) et des mêmes faiblesses (l’impression que les mondes se croisent sans réellement se mélanger, demeure), tout en lui étant sans doute légèrement supérieur.  En dépit de sa réussite technique, Windows incarne à lui seul, tout comme son cousin progressif (Yes, ELP…), toutes les dérives mégalomanes et symphoniques qui entacheront le hard rock de la seconde moitié des seventies, et qui seront pour une bonne part à l’origine du mouvement Punk. Une curiosité, qui confirme en outre qu’à part Ritchie Blackmore avec Rainbow et Blackmore’s Night, David Coverdale avec Whitesnake et Glenn Hugues, sous son propre nom notamment, les membres du dinosaure britannique n’ont pas réussi à exister en dehors du giron maternelle par eux-mêmes et sur la durée. (28.10.2007) ⍖⍖⍖

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