1 septembre 2022

CinéZone | Claude Mulot - La rose écorchée (1969)




Le nom de Claude Mulot évoque avant tout l'âge d'or du cinéma coquin français des années 70 et 80 auquel il a offert, sous le pseudonyme de Frédéric Lansac, des pépites cultes telles que Le sexe qui parle (1975), Echanges de partenaires (1976), La grande baise (1977) ou bien encore La femme objet (1980) où se sont dénudées les charnelles Brigitte Lahaie, Karine Gambier et Marilyn Jess. C'est oublier toutefois, qu'à l'instar de Claude Bernard-Aubert (alias Burd Tranbaree), il a démarré sa carrière dans le cinéma traditionnel sous le patronage de l'horreur ou du thriller, genres dont la porosité avec le porno était , fréquente et ce, d'autant plus, que Mulot a très tôt témoigné d'une évidente appétence pour l'érotisme. Tout cela se retrouve dans La rose écorchée, sa deuxième réalisation après Sexyrella (1968). Calqué sur Les yeux sans visage de Georges Franju mais piochant aussi bien chez Jess Franco (L'horrible Docteur Orloff auquel se réfère la présence l'inusable Howard Vernon) que chez Jean Rollin pour sa poésie et sa sensualité vampirique, ce film constitue une des premières - et rares - incartades du cinéma hexagonal dans le domaine de l'épouvante gothique qui, dans le sillage des oeuvres anglaises de la Hammer ou italiennes (celles de Mario Bava, Antonio Margheriti ou Riccardo Freda), rencontre alors un grand succès populaire. 

S'il n'est pas exempt de défauts (nous y reviendrons), cet essai français aligne tous l'attirail habituel et familier du genre : château sinistre, atmosphère lourde éclairée aux candélabres, nains inquiétants... Comme avec les films de Franco ou de Rollin, La rose écorchée n'est pas vraiment une question de raison mais de ressenti, de sensations tant il distille une atmosphère trouble qui confine à l'envoûtement et compense une voix off pesante et un jeu d'acteurs où fait parfois plus qu'affleurer le ridicule (surtout Philippe Lemaire, solide comédien au demeurant). La photographie aux couleurs moirées de Roger Fellous drape le film dans un écrin typiquement gothique d'une morbide flamboyance, qui participe de cette ambiance étrange et hors du temps comme si cette histoire se déroulait non pas à la fin des années 60 mais au XIXème siècle. Hanté par les lascives beautés féminines de Elisabeth Tessier (la future astrologue !), Valérie Boisgel, qui n'est jamais en reste pour exposer tétons et toison pubienne (Sexuellement vôtre, Le sexe nu) et celle plus surprenante d'une Annie Duperey que nous aurions aimé croiser davantage dans ce caveau horrifique qu'un autre maître de l'érotisme, Francis Leroi, invitera cependant à arpenter à l'occasion du Démon dans l'île (1983), La rose écorchée est une oeuvre qui maraude à la lisière du Z mais dont la beauté plastique chatoyante le colore d'un lustre romantique et macabre qui fascine qu'autant qu'il prête à sourire. (vu le 03.10.2021) ⍖⍖⍖




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