Encore du metalcore ! Oui. Mais non. Oui parce qu'en effet, Mirizon aligne comme des pinces à linge sur un fil tous les invariants propre à ce metal pubère : alliage de chant clair et de growls irascibles, guitares épaisses comme des câbles à haute tension, agressivité couplée à des mélodies lumineuses héritées du death suédois le plus accessible... Non parce que les Nantais ont l'intelligence de s'affranchir de ce credo usé jusqu'à la corde. Comment ? D'une part en recourant à une voix limpide, celle du guitariste Martin Rambaud presque cristalline aussi étonnante que rafraichissante et nimbée d'une touchante fébrilité ('Awareness'). D'autre part et surtout, en embauchant un violon (!), instrument rarement - voire pas du tout - utilisé dans le metalcore. Par leur gravité, ces cordes soulignent les émotions dévidées par des compositions qui du coup gagnent encore en profondeur, à l'image du déchirant 'Small War', assurément un des plus beaux titres du lot. Reconnaissons que cet ajout fonctionne admirablement, apportant une touche d'originalité salutaire à un genre qui en manque (de plus en plus) souvent.
De fait, alors que nous n'en espérions pas grand chose, hermétique qui plus est au style pratiqué, Shrinking Violet est un galop d'essai aussi surprenant que miraculeux en cela qu'il parvient à nous rendre le metalcore audible et moins agaçant que prévu. Rien que pour cela, Mirizon mérite remerciements et respect ! Reste que résumer cet album à son chant clair et au violon de Jules Tijou, aussi prégnants soient-ils, serait réducteur parce qu'autres qualités sont à mettre à son actif. Le fuselage sonore assuré par Frédéric Leclercq (Dragonforce), un socle rythmique massif ('Requiem For An End'), la force des aboiements hurlés par Matthieu Baudiment qui se conjuguent avec une noire férocité aux lignes d'airain de son partenaire, sans oublier évidemment une écriture ciselée, théâtre de mélodies aussi racées que teigneuses ('Swans And Shadows') assurent à Shrinking Violet sa très belle tenue. Loin d'une première fois maladroite, Mirizon frappe fort d'emblée, faisant preuve de classe et d'audace, qualités qui lui autorise à sa mesure encore modeste, une expression hybride et renouvelée du metalcore. Une bonne surprise. (28.10.2021 | LHN) ⍖⍖
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