Bestiole infâme tapie dans les recoins obscurs et humides d'une cave enfouie dans les entrailles de la terre, Gateway macère dans le jus evil et putride d'un death doom aussi abyssal que grumeleux, celui des Winter et autre Disembowelment. Bref, le genre de trucs qui rampent et se glissent vicieusement dans les fissures et les orifices ténébreux, fuyant la lumière du jour pour se repaître dans un grouillement noir comme l'encre.
Si le fait de signaler qu'il s'agit d'une créature solitaire derrière laquelle se cache Robin van Oyen (Terre) n'a pas grande importance bien que cette information rappelle l'habileté gutturale du gaillard en question, son origine belge renseigne quant à elle bien davantage sur la teneur de ce projet aux traits évidemment granitiques et pétrifiés mais également austères voire hermétiques. Après un premier méfait éponyme il y a six ans, Gateway multiplie depuis les hosties petites par la taille mais grandes pour leur potentiel funèbre dont un Scriptures Of Grief édité par Sentient Ruins Laboratories en 2016.
Scellant son retour suite à trois années d'abstinence, Flesh Reborn est son dernier EP en date. Il lui permet de forer encore et toujours les arcanes de l'indicible d'une manière aussi lointaine qu'autarcique. Le chant, réduit à des gargouillis bilieux, est comme avalé par ces profondeurs cryptiques tandis que le son, volontairement dissonnant, suinte une rouille malfaisante au point de creuser dans le sol un gouffre béant d'où s'échappent des émanations croupies. Le tout forme un brouet caverneux aux allures fortement instrumentales qui tire d'un death sa morbidité bestiale et du doom, sa force souterraine.
Comparé à ses devanciers, Flesh Reborn témoigne néanmoins de timides velléités, sinon évolutives, du moins accrocheuses, à l'image de ce 'Hel' qui, passée une entame engourdie, se met à galoper faisant presque jaillir les menstrues de pales mélodies. Cette vélocité fiévreuse se retrouve au détour d'un 'Rack Crawler' dont les traits déglingués et l'ambiance étouffante en freinent cependant la fugace amabilité et nous rappelle combien Gateway demeure cette nasse abominable. De même, la beauté désolée qui enserre tout d'abord le long morceau-titre ne saurait tromper le pèlerin qui finira bel et bien écrasé par cette chape cyclopéenne. Ainsi, durant plus de douze minutes, 'Flesh Reborn' patauge au fond d'un puits sordide, le tempo ankylosé, prisonnier d'une geôle terreuse qui semble s'abîmer peu à peu dans les ténèbres de fosses hurlantes. Ses faibles rais de lumière se fracassent contre ce bloc de matière stridente aux allures de cauchemar qui ne veut jamais s'achever.
En quatre plaintes baveuses et tordues, le Belge perfore un trou sans fond d'une froideur toujours aussi cryptique. (05.05.2021 | LHN) ⍖⍖⍖
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