Film méconnu et oublié (ceci explique sans doute cela), emballé par un artisan au savoir-faire sympathique mais qui ne suscita aucune chapelle, aucun culte, c'est peu dire que nous n'attendions pas autre chose d'Escapade au Japon qu'un divertissement ennuyeux. Seule l'apparition de Clint Eastwood dans un de ses rôles microscopiques et généralement non-crédités au générique, qu'il multipliait entre 1955 et 1958, en justifiait le visionnage endormi. Or contre toute attente, cette bobine, sacrifiée commercialement par la RKO qui mis la clé sous la porte au moment de sa sortie, délivre plutôt une très agréable surprise. On y suit les aventures tendres et amusantes de deux enfants dans le Japon des années 50, l'un américain et perdu, l'autre, japonais. Du village de pêcheurs qui a recueilli l'étranger jusqu'à Tokyo, en passant par le Japon rural, ce périple conduira les deux garçons à faire de nombreuses rencontres: fermiers, geishas, religieux, comédiens... Autant de personnages évoluant au milieu de décors et paysages colorés par la douce photographie de William Snyder. En parallèle, la caméra se reporte sur les parents inquiets du petit Américain, qu'endossent Cameron Mitchell et Teresa Wright ; c'est moins enthousiasmant. S'il rate la séquence de l'accident d'avion, troussée sans la moindre tension, Arthur Lubin pose en revanche un regard attendri sur les péripéties de ces enfants qu'il filme à leur petite hauteur. De fait, Escapade au Japon, tourné dix ans environ après la fin de la Seconde Guerre mondiale, reste surtout intéressant pour sa volonté de corriger la vision négative que les Américains nourrissent encore à l'égard de leurs anciens ennemis. Il est même, avec La maison de bambou, un des rares à tenter de le faire. (vu le 21.03.2021) ⍖⍖
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