6 mai 2021

CinéZone - Sergio Sollima - La cité de la violence (1970)




A la fin des années 60, Charles Bronson a bientôt cinquante ans et les premiers rôles ne sont toujours pas pour lui. Ainsi, contrairement à Steve McQueen et James Coburn, plus jeunes que lui, le triomphe des Sept mercenaires (1960) et de La grande évasion (1963), tous les deux réalisés par John Sturges, lui profite peu. Néanmoins, il se tourne à cette époque vers un terrain nouveau, celui du drame, avec Le chevalier des sables (1965) de Vincente Minnelli ou Propriété interdite (1966) de Sydney Pollack. C'est dans ce contexte et poussé par l'actrice britannique Jill Ireland qu'il épouse en 1968, qu'il tente sa chance en Europe, émigration qui fera de lui une star. Il s'agit tour d'abord de Adieu l'ami (1968) de Jean Herman puis surtout Il était une fois dans l'Ouest (1969) de Sergio Leone. Suivront très vite Le passager de la pluie (1970) de René Clément et La cité de la violence (1970) de Sergio Sollima. Celui-ci est intéressant à plus d'un titre. Transposition du film noir américain dans un moule italien encore biberonné par le western spaghetti, il constitue une oeuvre charnière dans la carrière de Charles Bronson en cela qu'il lui ouvre la voie de ces polars taillés au burin dont il fera sa spécialité dans les années 70, notamment sous l'égide de Michael Winner (Le flingueur, Le cercle noir, Un justicier dans la ville) et fixe pour l'éternité son personnage d'homme d'action taiseux voire mélancolique, toutefois préparé par les films européens cités plus haut. D'autre part, troussé avec la nervosité et la concision nécessaires par Sollima dont on se souvient avant tout des westerns (Colorado, Le dernier face à face, Saludos Hombre), La cité de la violence reste un modèle de bobines testiculeuses où Jill Ireland s'impose pourtant en femme fatale et manipulatrice. A l'image de tous les protagonistes chez lesquels la loyauté n'est pas la principale qualité. Etonnamment, Città violenta démarre avec une course de voitures, longue scène muette et anthologique aux allures de réplique de celle émaillant Bullitt. A l'autre bout, l'exécution dans un ascenseur, d'inspiration giallo, fournit un autre grand moment qui doit aussi beaucoup à l'inoubliable musique de Ennio Morricone. Entre ces deux séquences, l'intrigue voit parfois son intensité s'amenuiser sans jamais toutefois ennuyer, soutenu par une distribution sans frontières où l'on croise entre autres Michel Constantin dans la peau curieuse d'un gangster drogué. Profitons-en enfin pour l'hommage mérité à tous ces doubleurs français qui ont plus que leur part dans le pouvoir d'évocation, la force de fascination de ce cinéma des années 60 et 70. Claude Bertrand (la voix de Charles Bronson), André Valmy (celle de Telly Savalas) ou Jean Lagache (celle de Umberto Orsini) sont autant de voix familières aux cinéphiles de cette époque. La cité de violence demeure un des polars les plus jubilatoires de notre moustachu favori. (vu le 28.12.2020) ⍖⍖⍖





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