10 mars 2021

KröniK | Rotten Brain - S/T (2020)




Ce qu'il y a de chouette avec un groupe qui a décidé de se baptiser Rotten Brain, c'est qu'on sait d'emblée dans quel bain où on va tremper : grumeleux, fétide et constellé de bulles de sang. Tout ça exhale la barbaque et les remugles qui donnent envie de dégueuler. Emboité en 2018, le duo - Eddy Polo derrière les fûts et Darkness Prevails pour le reste - semble depuis quelques mois être pris de convulsions diarrhéiques. Résultat : deux démos et autant de splits (avec Casket Slime et Immortal Rotting) ont rempli son étal depuis le mois d'avril. Effet du confinement ? Nourris aux grains suédois ou finlandais, biberonnés à la semence matriciel d'Autopsy, les deux lascars régurgitent donc un death putride tâché de gore, infâme bouillie avec beaucoup de zombies dedans. Logo illisible, prise de son garantie sans OGM qui empeste la première prise capturée dans les abîmes humides d'un immeuble délabré, Rotten Brain transpire la démarche old school par tous les pores. On imagine le fruit de ses ébats nocturnes gravés en format cassette. Mais non. Au lieu de la bonne vieille tape des familles comme dans les années 80, les Français ont d'abord giclé leur foutre visqueux uniquement sur la toile (gratuit sur leur Bandcamp) mais proposent leur seconde démo en CD habillé d'un enrobage dépouillé. C'est lui que nous avons reçu par la poste et dont les entrailles vont être explorées par ces quelques lignes. Six crachats en 25 minutes environ, la bestiole décampe vite, rarement prisonnière d'une masse de viscères, à l'exception notable de 'A Slow Agonie', titre bonus instrumental qui enfonce sa pesante turgescence dans les arcanes d'un death doom aussi funèbre que vicié et nous laisse penser que ses géniteurs seraient bien inspirés de creuser cette voie plus abyssale. Le reste du temps, ceux-ci préfèrent les saillies survoltées, ce qui ne leur interdit jamais d'écarter la terre pour lui ouvrir de lourdes crevasses à grands coups de riffs caverneux. Une intro figée dans un caveau, une première partie pétrifiée avant de laisser les morts vivants s'échapper, tel est la trame de la majorité des morceaux, de 'Torture' à 'Embedded On Grave' en passant par 'Man In The Mahousse'. Bordélique, tout ça ne file jamais droit ('Theater Of Horreur'), la batterie a parfois un bruit de casserole ('Beauty Of Decay') mais c'est pas grave, ça fait partie du charme d'une rondelle crouteuse dont le fond, pestilentiel et morbide, lui impose cet élan à la fois pétrifié et primitif, le teint rugueux, plein d'aspérités. Rotten Brain honore son cahier des charge poissé de miasmes et de jus de viande. Espérons que sa logorrhée se déverse vite à nouveau car on a soif de ce death gore débraillé ! (21.10.2020 | LHN) ⍖⍖

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