Après s'être fait la main avec toute une série de démos uniquement disponibles sur la page Bandcamp de ce projet onanique qui le voit errer quelque part entre plaintes electro et ambient sinistre, Psycho passe aujourd'hui au format long avec le bien nommé Danse Macabre, premier véritable album de Inexistence. Il a bien raison de franchir le pas car cet opus réunit tout ce qu'on a apprécié dans ces ébauches digitales mais en mieux. Beaucoup mieux. Pourquoi ? Parce que son menu, toujours mité par une succession de pistes assez courtes dont la qualité fait d'elles autre chose que de simples interludes mis bout à bout, affiche une riche palette de nuances et de sons, parfois obsédants, souvent cinématiques, évidemment sombres. A l'electro pulsatif ('Mort à l'intérieur') et à l'ambient minimaliste ('Au chant des violons') auxquels il nous a désormais habitués, le guitariste de Suicidal Madness pousse sa partition vers d'autres voix, fantomatique le temps de l'inquiétant et désincarné 'Hantises', presque gothic au détour de 'Dans l'éternité du temps' ou galopant franchement sur les terres d'une synthwave ténébreuse ('Viscéral') qui nous plonge dans un univers de science-fiction apocalyptique ('Delirium').
La reprise de l'indispensable 'A Forest' de The Cure et celle déguisée et non moins indispensable, du 'Halloween Theme' de John Carpenter ('Samhein'), illustrent très justement la coloration générale de cet album, plus darkwave et horrifique, moins black metal dans l'âme sans doute mais tout aussi fascinant. Davantage que l'agrégat de pistes instrumentales que ses brouillons prédisaient peut-être, Danse Macabre est une œuvre à part entière qui doit ainsi être abordée comme un tout cohérant, un ensemble indivisible où toutes les pièces s'emboîtent les unes aux autres à la manière d'un récit qui progresse à travers un dédale d'atmosphères et d'émotions. Psycho fait montre d'une réelle inspiration dans ce créneau synthétique qu'au départ, on ne l'aurait pas vraiment imaginé arpenter. Et les progrès réalisés depuis le séminal "Désolation" sont quand même évidents. La maladresse sympathique et une certaine tendance à tremper dans le sirop ont été définitivement gommées, laissant le terrain libre à une tonalité toujours juste, noblement mélancolique. Ce faisant, Inexistence fait mieux que livrer l'opus qu'on attendait de lui, son art gagne une profondeur insoupçonnée. "Danse Macabre" transforme ce qui n'était jusqu'alors que le modeste jardin secret biné par son créateur, en un projet plus passionnant encore. (20.10.2020 | HN) ⍖⍖⍖
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