Comme son titre l'annonce, Back Into The Light est un album résurrectionnel pour Zoë dont nous étions sans nouvelles depuis trop longtemps. Troisième cuvée de bonne mémoire, Raise The Veil date ainsi de 2014 et nous étions nombreux à nous faire du mouron pour ces Nordistes qui allient énergie ravageuse et talent sympathique. Grâce à ses galettes et surtout des concerts directement branchés sur le courant alternatif, le groupe s'est taillé un nom, encore modeste mais chaleureux, au sein de la mouvance (stoner) rock hexagonale. Il eut donc été dommage qu'il mette déjà la clé sous la porte. Alors que nous ne l'attendions presque plus, Back Into The Light vient enfin rappeler à notre bon souvenir ces petits Frenchies. Sa pochette, sexy mais d'une manière originale, constitue un premier contact prometteur. Une fois l'écoute lancée, on mesure rapidement que Zoë a mis à profit ces années de disette discographique pour garantir un retour fracassant. Mieux et osons l'affirmer d'emblée, le quatuor fait même mieux que nous rassurer, il dresse une inspiration monstrueuse insoupçonnée, renvoyant ses premiers pas au rang d'aimables bûches. Il n'a pas seulement mis les petits plats dans les grands comme on dit, il a surtout su épaissir d'une envergure inédite son rock crasseux et couillu qui sent sous les bras.
Enrobé du gros son idoine mitonné par Olivier T'Servrancx (la basse est assez énorme), Back Into The Light déverse dix morceaux directs et sans fioriture mais non sans (beaucoup) de gras dedans. Rythmique galopante, guitare souillée et vocalises hargneuses bétonnent un stoner remuant ('Back Into The Light') plus bourru que jamais ('Band Of Brothers'). Tout du long, l'album sue l'urgence par tous les pores et donne autant envie de taper du pied que de téter des bières (entre autres). Les inutiles préliminaires et longs discours ne sont pas pour ces Nordistes pressés de rattraper le temps perdu.De fait, ils vont à l'essentiel sans se prendre la tête, accouplant une puissance du feu de dieu à ce sens de l'entertainment typique du hard américain des années 80. Pour autant, ils ne sacrifient à aucun moment une écriture en béton armé. Les excellentes idées jaillissent ainsi de toutes parts, entre un 'Voices' que perfore un solo d'une beauté atmosphérique, un 'In Praize In Laziness' teigneux et groovy ou ce 'By Your Side' reptilien. Au socle stoner originel, le groupe injecte une dose vaguement sudiste ('Down In A Hole') voire bluesy ('White Trash') pour un résultat venimeux, la peau tannée par le soleil. Non seulement, Zoë n'a pas raté son retour mais il se fend de son meilleur obus à ce jour, brochette de titres tous plus efficaces les uns que les autres. Rien à jeter, tout y est, les compos trapues, l'énergie batailleuse, le feeling rugueux. Il ne reste plus au combo qu'à défendre sur scène Back Into The Light pour ravir la place qui devrait être la sienne, parmi nos plus habiles artisans du stoner rock ! (27.09.2020 | MW) ⍖⍖⍖
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