25 novembre 2020

KröniK | DomJord - Sporer (2020)



Antagonistes sur le papier, black metal et musique électronique sont pourtant loin d'être imperméables l'un par rapport à l'autre et ce, depuis toujours, que l'on songe à Burzum, au Wongraven de Satyr (Satyricon) ou à Neptune Towers de Fenriz (Darkthrone). Et n'évoquons même pas la scène Dungeon Synth dont les artisans ont bien souvent les pieds posés des deux côtés du rivage. De fait, voir Daniel Rostén, plus connu des blackeux sous les sobriquets de Mortuus (chez Marduk) ou de Arioch (chez Funeral Mist), s'aventurer dans cette contrée synthétique ne surprend donc pas tant que cela. Ce qui ne signifie pas que nous ne soyons pas curieux du résultat de ces pérégrinations en dehors du giron maternel. Nonobstant un talent pour les arts noirs que nul ne conteste, il était par conséquent permis de se demander ce que le bonhomme avait à dire dans ce registre électronique, qu'il arpente qui plus est en solitaire puisqu'il s'y charge de tout, du son à l'artwork. DomJord est le nom de ce jardin qu'il bine en secret depuis huit ans et Sporer, enfin le premier fruit de ce travail reclus. Du black metal, on ne gratte aucune trace mais la noirceur pulsative et la froide mélancolie du propos ne dépayseront pas les fidèles du Suédois dont on reconnaît l'appétence pour les ambiances sinistres sinon glaciales qu'il répand cette fois-ci en usant de boucles hypnotiques et d'effluves minimalistes et volontairement répétitives. Force est de reconnaître que, dans ce créneau électronique, Daniel n'a pas à rougir d'une semence finalement plus entêtante qu'hermétique qui sait envelopper le pèlerin. En définitive, l'album ne possède guère qu'un seul (menu) défaut : il démarre trop fort avec l'introductif 'Fornblod' qui installe un décor aussi hivernal que désespéré, auquel succède le long morceau-titre que des voix viennent en perturber la limpidité. Après cette entame captivante, le reste du menu finit malheureusement par s'enliser quelque peu. Ainsi, du haut de ses plus de treize minutes au compteur, 'Natt' aurait sans doute mérité quelques coups de ciseaux malgré une atmosphère désolée bien rendue. Cela ne suffit toutefois pas à freiner notre enthousiasme pour un projet dont on se demande quand même quel sera son avenir surtout lorsque l'on sait qu'un long tunnel sépare sa naissance de son premier signe de vie... Entité sonore destinée à durer ou bien œuvre promise à une éternelle solitude ? (06.08.2020 | MW) ⍖⍖⍖

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