31 août 2020

K | _ (2020)




K. Derrière cette simple lettre est tapi François Boyenval, violoncelliste du groupe de black noise expérimental Nyss. Pour l'aider à matérialiser un univers torturé, il a convoqué Necropiss, chanteur du cultissime The Arrival Of Satan et de Mhônos. A eux deux, ils plantent un décor de bas-fond et de moisissures d'ou s'échappent des râles de souffrance. On devine dès lors que la pénétration de ce méfait sera difficile, pénible peut-être.

Rien n'est d'ailleurs fait pour en faciliter la défloration et surtout pas la durée des pistes dont plusieurs tutoient ou franchissent la barre des dix minutes en un dédale qui serpente dans les arcanes d'une cité de béton façonnée par une architecture autoritaire. Riffs pollués, percussions totalitaires et hurlements écorchés tracent dans la chair des stigmates purulents, plaies béantes ne laissant filtrer aucune trace de lumière ni d'espoir. Seul le violoncelle délivre une pale note émotionnelle, balise mélodique à laquelle on tente de se raccrocher (Krank III). En vain. Si les guitares ouvrent les vannes maladives d'une négativité purement black metal (Krank II), racines sinistres que la présence de Necropiss permet de faire plus qu'affleurer à la surface de compositions stridentes, il serait pourtant trompeur d'arrimer cet effort à ce seul courant musical. Ici, l'art noir sert plus de terreau, de laboratoire où le genre est martyrisé, déchiqueté.

De cette masse grouillante suinte un pus empoisonné qui souille l'âme de celui qui tente de l'appréhender. Mais il y a un plaisir masochiste justement à s'abîmer dans cet album dans lequel on s'enfonce par les orifices qu'il veut bien nous présenter. On avale ces monologues en français, puant la merde (Krank IV) comme un foutre chargé de nihilisme. Les titres se succèdent entre haine et laideur, ancrés dans une urbanité sordide, jalonnant une descente aux enfers  meurtrie, cadavérique. Malsains et sévères, ils inoculent peu à peu leur venin, remuant les tripes. Ils ont quelque chose de convulsions mortifères. Les décrire par le menu ne sert à rien car au final, ils se vivent, se ressentent plus qu'ils ne s'écoutent comme de simples morceaux. On les enfile à la manière de boyaux morbides perforant une panse cancéreuse avec au bout, le chaos, le néant... Repoussante ou fascinante telle est cette ode martiale qui ne laissera personne indifférent. (13.05.2020 | LHN) ⍖⍖⍖


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