10 août 2020

CinéZone | Ida Lupino - Le voyage de la peur (1953)




Curieuse carrière que celle d'Ida Lupino, comédienne qui a promené sa beauté atypique dans de remarquables films noirs des années 40 (Une femme dangereuse, High Sierra, La femme aux cigarettes...) avant de devenir l'une des rares réalisatrices du Hollywood de cette époque. Avec son mari d'alors, Collier Young, elle établit sa société de production, The Filmakers et tournent des films à petit budget sur des sujets de société qui lui tiennent à coeur (Outrage, Jeu, set et Match ou The Bigamist). En 1953, elle accouche de son métrage le plus célèbre, Le voyage de la peur, qui n'est pourtant pas le plus représentatif de son oeuvre. Si elle renoue à l'occasion avec le thriller, aucun personnage féminin ne figure au générique. Les acteurs y sont par ailleurs peu nombreux : deux chasseurs pris en otage dans leur voiture par un auto-stoppeur franchement louche, en fait un tueur en série dont la particularité, outre le fait d'être vide de toute compassion, de toute empathie, possède un oeil qui ne se ferme jamais.




Comme le rappelle Stéphane Bourgoin dans les bonus du DVD édité par Bach Films dans une collection qu'il dirige, Ida Lupino s'est inspiré d'un fait divers réel, la trajectoire sanglante du criminel Billy Cook. Pour l'incarner, elle embauche William Talman qui compose un inoubliable psychopathe fiévreux et brutal. Ses deux otages sont endossés par Edmond O'Brien et Frank Lovejoy, impeccables. Sans être le classique attendu, par manque de force et enrayé par un scénario par trop répétitif, Le voyage de la peur tire cependant beaucoup de sa valeur dans la mise en scène aussi sèche et minérale que les routes désertiques qu'il sillonne, laquelle trouve dans la photographie rongée par l'obscurité de Nicholas Musuraca, l'écrin inquiétant. Il faut voir ces visages pétris par la peur ou la folie sculptés par ce noir et blanc trouble et nocturne. Si le tueur ne meurt pas à la fin - il sera exécuté plus tard, les coups de poings que lui inflige Roy Collins, frappent comme une délivrance pour les deux otages qui durant tout le trajet, resteront sous son joug dominateur, sans jamais pouvoir lui échapper...  (vu le 14.06.2020) ⍖⍖

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