16 août 2020

Hiemal | Road Of Pioneers (2020)




En l'espace d'à peine plus de trois ans, Hiemal a bâti une œuvre monumentale qui continue par ailleurs de s'enrichir à un rythme effréné. Ce n'est ainsi pas moins d'une soixantaine de réalisations que ce projet solitaire a capturées depuis 2017 ! Nous n'avons pas encore couvert la moitié de l'année 2020 et l'on compte déjà pas moins de sept enregistrements (au moment où ces quelques lignes sont écrites). Si la qualité n'était pas au rendez-vous, ce stakhanovisme diarrhéique ne mériterait pas d'être souligné. Or chez Hiemal, l'extrême fertilité rime avec une formidable créativité. Là réside toute la valeur de cette entité dont le travail est tout entier consacré à un dark ambient polaire. Pour l'unique maître des lieux, ces immensités glacées alimentent une éternelle source d'inspiration. 

Dans cette pléthorique discographie, nous aurions pu cueillir n'importe quel album, tous étant d'une égale mesure. Nous avons cependant jeté notre dévolu sur "Road Of Pioneers" l'une de ses dernières créations. Comme son superbe -encore une fois - artwork ainsi que son titre le suggèrent, l'opus suit la trace des chercheurs d'or qui, dans le Canada du 19ème siècle, ont bravé le froid et sillonné des routes montagneuses figées par l'hiver. Ce thème inspire au Français, selon son habitude, trois pistes au format dilaté, deux d'entre elles gravitant même autour de la barre des trente minutes (voire plus) au garrot ! 

Un linceul de glace s'étend à l'infini, qui envoûte autant qu'il emprisonne le pèlerin dans une gigantesque congère. De tels paysages sonores, évoquant ces tracés rocailleux et isolés qui serpentent dans des territoires sévères et hostiles que l'Homme n'a pas encore souillé, se révèlent propice à la contemplation solitaire, voyage qu'il convient de vivre au casque dans une pièce peu à peu grignotée par une nuit hivernale. Enveloppantes et immobiles, ces plaintes répandent des nappes neigeuses d'une puissance d'évocation immersive. Mises bout à bout, elles tissent une masse répétitive aux contours flous, donnant l'impression d'être absorbé par une seule et unique plage de plus d'heure d'écoute remplie de sonorités frissonnantes entre drone éthéré ('Evergreen Canyon') et ambient glacial ('Moss Covered Cabin In the Spruce'). 

Sans doute d'une chiantise absolue pour 99% des gens mais d'une beauté immense et méditative pour une poignée qui saura goûter à la mélancolie diffuse qui ourle le tapi évanescent qu'étire ce "Road of Pioneers" engourdi par une froideur vaporeuse. On ne saurait trop vous inviter à vous immerger dans l'œuvre de Hiemal, invitation au voyage dans de grandioses contrées hivernales. (14.05.2020) ⍖⍖⍖⍖


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