10 juillet 2016

CinéZone | Don Siegel - L'évadé d'Alcatraz (1979)




Dernière des cinq collaborations entre Clint Eastwood et le réalisateur Don Siegel, après une interruption de huit ans qui a vu l’acteur devenir une star et un metteur en scène expérimenté, L’évadé d’Alcatraz s’inspire d’une histoire réelle, survenue en 1962 et qui entraîna la fermeture du célèbre pénitencier ayant accueilli, entre autres, Al Capone et Robert Stroud, dont Burt Lancaster a joué le propre rôle dans Le prisonnier d’Alcatraz de John Frankenheimer (1962). Siegel cherche donc à coller au plus près à la réalité. Ce souci d’authenticité, coutumier chez lui, se perçoit à divers niveaux : tournage sur les lieux mêmes de l’action, comédiens peu connus (hormis la vedette bien sûr !), refus de scènes visant le sensationnel, rythme lent mais néanmoins nerveux, climat froid et austère, plus proche du documentaire que de l’œuvre de fiction. Ainsi l’ambiance carcérale est parfaitement rendue. Siegel, d’ailleurs, avait déjà admirablement traduit cet univers cloisonné et étouffant dans Les révoltés de la cellule 11 (1954) avec Neville Brand et Lee Marvin notamment. Le film constitue un modèle de classicisme, de simplicité, où chaque scène a sa raison d’être, évitant ainsi tout superflu. On cite souvent à ce propos la scène de la rencontre entre Frank Morris et l’impitoyable directeur de la prison (joué par Patrick McGoohan) : en quelques plans, la situation géographique est présentée et les deux principaux protagonistes de l’histoire, définis dans leur personnalité. La réalisation est dépouillée à l’extrême. Le jeu minéral de Clint Eastwood est à l’image de la technique épurée employée par Don Siegel. Plus laconique et monolithique que jamais, l’acteur délivre une composition remarquable, trouvant son équilibre dans la maîtrise de gestes quotidiens, répétés continuellement, tel un rite mécanique. Clint est au sommet de son art et son affrontement avec McGoohan, rendu célèbre, par la série Le prisonnier (qui se retrouve ironiquement de l’autre côté de la barrière), est mémorable. L’évadé d’Alcatraz demeure donc une œuvre captivante de bout en bout et représente, après l’efficace Un espion de trop (1977) avec Charles Bronson et Lee Remick, le dernier film majeur de Don Siegel. (10.07.2016) ⍖⍖⍖




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