Certains réussissent à sortit un premier album après
seulement deux ou trois ans d’existence tandis que d’autres doivent patienter
de longues années avant d’y parvenir par manque de chance sinon de talent.
Crucified Mortals entre dans la seconde catégorie. Dix ans après sa naissance
et des palettes entières de démos et autres splits tous plus obscurs les uns
que les autres, ces Américains, pourtant loin d’être des puceaux, accouchent
enfin de leur galop d’essai longue durée. Il serait exagérer de prétendre que nous
attendions tel un messie ce modeste jet éponyme. On a vécu sans lui pendant
tout ce temps et on pourrait continuer à en faire de même après. Ceci étant,
Crucified Mortals a tout de la bonne surprise. Le groupe n’invente rien - ce
n’est de toute façon pas le propos – mais régurgite avec sincérité (la
prise de son fleure bon l’authenticité)
et efficacité un Thrash Metal à la Slayer époque South Of Heaven (impossible de
ne pas y penser à l’écoute de l’enchaînement « The Seance / Sordid
Treachery »). Malgré le recours à des aplats bien lourds (« Figure In
Black ») et à des rythmiques de bûcheron, le combo va souvent très vite
(« Desecrating The Dead », « Fatal Scheme »…), renouant
ainsi avec toute la scène speed metal des eigthies. On préfère pourtant lorsque
les gars se lancent dans l’érection de tempo plus lents et plus implacables
encore. La première partie de « Perpetrator », le bien nommé
« Doom » qui, placé en fin de parcours, fait mourir l’album en le
plongeant dans un marécage boueux ou encore certains passages de « Ghastly
Affliction » illustrent cette capacité à serrer le frein à main. Alors
certes, les limites de Crucified Mortals, autant le groupe que le disque, sont
aisément perceptibles, mais au final on s’en fiche pas mal car le plaisir de
reprendre une bonne tranche de Thrash biberonné au satanisme et aux zombies est
là et bien là. Pas très ambitieux, le fait est entendu, cet essai est donc à
prendre pour ce qu’il est – une petite galette de série B dégageant une forte
odeur d’underground – et surtout pas davantage. (2011)
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