Découvert
il y a deux ans, grâce à un premier vol habité éponyme, Yuri Gagarin s'est
immédiatement imposé comme un des plus prometteurs - et donc un des plus
excitants - explorateurs d'un Space Rock démesuré aux confins du Stoner et du
rock psyché. De fait, sa seconde offrande était fortement attendue, Graal
stellaire riche de sensations colorées et duveteuses. Précédé par un
sympathique EP deux titres édité en format 7'' ("Sea Of Dust"),
"At The Center Of All Infinity" est-il à la hauteur des espoirs
suscités par son gigantesque devancier ? Sans être négatives, les premiers
écoutes se révèlent quelque peu décevantes. L'effet de surprise (forcément)
envolé, l'impression d'entendre une resucée du galop d'essai commence tout
d'abord par s'immiscer dans notre esprit, les Suédois usant de la même recette
instrumentale basée sur de longues échappées qui semblent se dilater à
l'infini, avalées par les immensités du cosmos et que pilote une guitare
stratosphérique. Le plaisir est là mais en mode mineur, jugement renforcé par
l'absence d'un orgasme de l'acabit de 'The Big Rip', lequel achevait le
précédent programme en un geyser d'effluves spatiales. Aucun des nouveaux
titres ne paraît ainsi pouvoir détrôner ce monument dans le coeur de ceux pour qui
"Yuri Gagarin" reste un des belles surprises de l'année 2013. En
réalité, marque des grands albums, "At The Center Of All Infinity"
n'offre sa précieuse intimité qu'après de nombreux va-et-vient. Peu à peu, sa
richesse, immense, se fait jour. Avec intelligence, le groupe pétrit son art
déjà reconnaissable auquel il injecte nombre de détails qui permettent au final
à cet opus de ne pas être qu'une simple copie de son aîné. Fidèle à sa
signature, il réussit en fait la gageure de ne pas se répéter malgré de trompeurs
préliminaires. Amorce fantastique, 'The New Order' témoigne parfaitement de
cette écriture subtilement travaillée. Passées les premières mesures dans la
droite lignée du disque séminal, le morceau décolle très haut, voyage
intergalactique aussi démentiel qu'hypnotique. Mangeuse d'espace, la six-cordes
tresse une myriade de sons cotonneux, solidement secondée par une rythmique
métronomique. Faits de cette même étoffe à la fois lourde et aérienne, 'At The
Center Of All Infinity', 'Oblivion' ou 'In The Abyss' évoquent l'exploration de
planètes inconnues dont on foule le sol escarpé, guidés par l goût de
l'aventure. Si le (plus) court 'I See No God Up Here' flotte dans un nuage
d'ambiances étranges et ouatées, l'oeuvre conserve toujours un côté extrêmement
accrocheur, les traits plus durs qu'il n'y parait à l'image de 'Cluster Of
Minds', puissante perforation qui se pare dans sa dernière partie de sonorité
belles comme un chat qui dort. Au final, cette deuxième cuvée s'avère même plus
équilibrée que sa devancière chacune de ses compositions faisant montre d'une
égale inspiration. Ce faisant, les Suédois font mieux que transformer l'essai,
ils s'ouvrent un avenir aux trésors infinis... (2015).
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