29 décembre 2015

KröniK | Necronoclast - Ashes (2011)




On croyait Necronoclast et son unique membre Grey Edwards, disparus dans un cimetière, probablement pendus après une corde. Après un départ en t(r)ombe (trois albums en deux ans tout de même !), Haven paraissait être en bonne voie pour être le clou qui scellerait le cercueil de le Britannique. (Re)venu de nulle part à travers la brume écossaise, Ashes vient nous rappeler à notre (plutôt) bon souvenir ce one-man-band dont on a pu goûter avec une délectation mêlée à une certaine forme de masochisme l’art de la dépression notamment avec le katatoniesque The Plague. Est-ce son origine géographique, cette terre froide enveloppée dans le brouillard, qui l’explique mais Necronoclast a une manière bien à lui de sculpter son Black Metal suicidaire. S’il reproduit à la lettre certains invariants propres à cette frange de l’art noir, comme l’illustre la propension du bonhomme à accoucher de ces riffs entêtants, à la fois scalpels raclant les chairs en même temps que lanternes guidant le pèlerin dans la nuit grise, il le fait toujours avec une sécheresse de trait, une austérité janséniste qui n’ont rien à voir avec la peinture mélancolique scandinave par exemple. Quatrième lame de rasoir longue durée, Ashes, selon les standards de son géniteur, agglomère sept complaintes d’une durée raisonnable, pour le genre s’entend. Comprendre qu’elles oscillent entre quatre et sept minutes en moyenne et ne s’enlisent donc jamais trop dans des sables mouvants. 

Sur une pellicule sédimentaire où se lit toujours l’empreinte du Katatonia originel et bien que celle-ci soit moins évidente que sur les albums précédents, Necronoclast érige une cathédrale ténébreuse fouettée par une pluie cinglante et qui s’arc-boute sur un chant écorché et des lignes de guitare profondément désespérées, à l’image de celles achevant le douloureux « Kajicnicke Saty ». Quand le misanthrope se lance dans une saillie rapide à même de faire saigner les muqueuses (« Serpents », que fissure toutefois une décélération effrayante, « Looking Glass »), il nous réjouit moins que lorsqu’il rumine sa haine et son désespoir en ne dépassant jamais la seconde. Les pieds emprisonnés dans une couche calcaire, il ouvre alors les veines d’une mélancolie sale et ferrugineuse, que pollue l’odeur du charnier encore fumant, témoin le long « Ashes » qu’érode un souffle mortifère avant de voir son rythme s’emballer furieusement à mi parcours. Heureux de retrouver Necronoclast après un laïus de trois années, reconnaissons cependant que Ashes, après un très bon début, représentés par « Ghostways », certainement une des meilleurs – et donc une des plus dépressives -  compositions enfantées par l’Ecossais, et « Veil Of Files », s’essouffle un peu à partir de sa seconde partie. Reste néanmoins un bon disque, glacial comme la roche en hiver et décharné comme un cancéreux à l’approche de la Grande Faucheuse. (2011 | MW) ⍖⍖


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