1 mars 2010

KröniK | Aere Aeternus - Humanity Needs No Funeral (2008)




Beaucoup de groupes, dans le black metal notamment, se vantent de planter leur membre dans la fente de la luxure mais en définitive, ils sont bien peu à parvenir à auréoler leur art d'une couche collante de stupre. Aere Aeternus fait partie de cette minorité. De sa première pénétration longue durée, que précédaient une démo (Lammoth conçue en 1997 !) et un split, résonne le râle d'un million de femmes prises d'une quinte de jouissance. Pour une fois, le visuel exprime justement le contenu dont il se veut l'écrin. Humanity Needs No Funeral a quelque chose d'un derelict gangrené par le vice dans un hangar rouillé où soufflent, tel un écho funèbre, des sons inquiétants ("No God Intervention" et ces paroles comme prononcées par un dictateur devant une foule en liesse) et étouffés qui s'accouplent avec des cris de plaisir (masochistes) libérés par des corps féminins humides ("Conjuration"). Bien que l'on retrouve à sa tête un membre de Frostmoon Eclipse, Aere Aeternus ne braconne pas sur les terres du black metal mais plutôt celles de la dark ambient, genre que le groupe honore avec cette reptation sexuelle et morbide, kaléidoscope d'images sulfureuses qui s'entrechoquent, copulent. 


Vierges de guitares (sauf sur le terminal "Epilogue"), ces onze pulsations industrielles évoquent un orifice qui vit, se contracte, sécrète un fluide sinistre à base de sons étouffants et froids comme un cadavre. Humanity Needs No Funeral tient de l'expérience, celle qui se résume à faire l'amour avec la mort en une succession de coups de boutoir, parfois courts, d'autres plus longs, plus hypnotiques ("Brotherhood Of The 7th Day"). C'est affreusement noir et torturé mais il y a surtout ce goût salé d'interdit qui poisse cette musique et, ce faisant, la rend cent fois plus transgressive que bien des blasphèmes de l'art noir. Les premières écoutes de cette bande-son déliquescente laissent peu de traces, peu de cicatrices dans la peau. Celle-ci n'est tout d'abord qu'un magma informe dont on peine à distinguer les contours. Puis, peu à peu, symphonie funèbre et crépusculaire, elle écarte ses cuisses entre lesquelles on finit par se faufiler bien qu'avec guère plus d'aisance qu'au début. Ténébreuse, cette ode à la perversion dévoile alors sa beauté sale et putride. Presque un rituel mystique qui ne peut s'achever que par la mort. L'écouter revient à se perdre soi-même... (2009 | MW) ⍖⍖⍖

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