S’il n’a jamais rencontré un succès similaire à celui de Iron Maiden ou Judas Priest, pour ne citer que deux des plus éminents ténors du heavy des années 80, Manilla Road se voit pourtant aujourd’hui ériger une chapelle d’adorateurs, parmi lesquels on peut notamment trouver les mecs de Reverend Bizarre, ce qui est un gage de qualité. Et on peut le comprendre. Auteur d’une palanquée d’albums enchaînés à un rythme soutenu, les Américains ont toujours eu a cœur de ciseler un heavy très personnel, puissant et pesant, épique et mélodique, parfois même aux confins du doom lors des mid-tempo qu’ils affectionnent particulièrement. Sans être son opus le plus fameux ni le plus célèbre, The Courts Of Chaos, le dernier (officiel) avant qu’il décide de se saborder, est plutôt représentatif de la musique gravé par le groupe, depuis le chant haut perché menaçant de Mark Shelton immédiatement reconnaissable (sorte de croisement pour faire simple entre Bobby d’Overkill et Rob Halford) jusqu’aux riffs saignants vidangés par des guitares qui mènent toujours le bal, power-trio oblige.
En fait, il n’a guère manqué à Manilla Road pour passer à une division supérieure qu’une production plus performante – elle fait quand même pale figure à côté de celle déployée, par exemple, sur le Painkiller du Priest, sorti aussi en 1990 et quant à elle toujours d’actualité – et sans doute un peu plus d’ambition. Mais son activisme jamais remis en question son acharnement à faire parler la poudre et son intégrité rendent le groupe éminemment sympathique. Fidèle aux canons de son principal géniteur, The Courts Of Chaos nous assure de passer un bon moment à défaut de marquer durablement les esprits, quand bien même le disque n’est pas avare en brûlots féroces. Citons notamment l’instrumental introductif « Road To Chaos », le véloce « (Vlad) The Impaler », le superbe « The Prophecy » ou le très mélodique « The Book Of Skelos », zébré d’un solo de gratte inspiré et qui s’achève néanmoins en boucherie agressive presque Thrash. Une bonne pioche pour l’amateur. A noter que sa réédition voit l’opus s’enrichir du titre bonus, une version live déchaînée de « Far Side Of The Sun », capturé on ne sait où mais pourvu d’un son clair très honorable. (06.10.2007) ⍖⍖
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